Bonjour bonjour, me revoilà aujourd’hui avec mon propre texte pour répondre à la consigne que j’ai eu la chance de pouvoir proposer pour l’agenda ironique de septembre (Tout est expliqué ici) grâce à la proposition de Gibulène qui m’avait inspiré ce texte sur les six Galls. Pour l’instant, de nombreux « écrivants » ont été inspirés par la consigne (merciiiiii) et je vous livre les liens pour aller les lire en-dessous de ma propre participation (pssst : il vous reste quelques jours pour encore participer avant le début des votes ! )
Petit rappel, ma consigne était donc la suivante (pour la retrouver en entier, c’est ici) : Raconter un souvenir d’école, réel, fictif, douloureux, joyeux, inventé, absurde, drôle ou impétueux… Il faudra incorporer quelques mots à retourner dans tous les sens : rapporteur / pion / colle / ligne / cour (ou cours ou court ou courre ) et rythme ! Ayant un passif dans l’éducation nationale (on a tous nos petits défauts 😉 ), il faudra s’amuser à détourner au minimum un des fameux sigles qui composent ce joli jargon académique qui fait la joie des professeurs. Ajouter pour finir cette petite phrase extraite de la lecture du moment : « cela donnait le sentiment d’appartenir à une multitude à la fois statique et chatouilleuse » (ça vient de « Personne n’a peur des gens qui sourient » de Véronique Ovaldé). Voilà ce que ça a donné pour ma part ! Bonne lecture à vous.
– Allons donc ! Je vous prends à rêvasser ? gronda M. Lazar en se rapprochant d’une de ses nouvelles victimes qui tenait devant lui un cahier, désespérément vide. Des premiers aux derniers rangs, plus aucun élève ne bronchait, comme vissés à leurs chaises.
– Moi, non, je… je…
– Je… je… quoi ?! C’est quoi votre petit nom ?
– Hum, Ulis, enfin…
– Levez-vous, Ulis, que vous montriez à la face du monde et à la barbe naissante de vos camarades, ce que l’on fait aux rêveurs du radiateur ! urgea M. Lazar, la tête haute, et le profil digne d’une équerre.
– Mais monsieur…
– Maître, Ulis, maître. Levez-vous maintenant, vous saurez que j’abhorre le fait d’avoir à me répéter, le temps nous est compté, tic tac tic tac, c’est déjà, depuis le début de cette discussion, trois minutes de moins à passer sur les multiplications.
Des oreilles aguerries auraient pu à ce moment-là entendre le mouvement de la trotteuse qui poursuivait son bonhomme de chemin au milieu de l’horloge murale et de la paralysie générale.
– Les multiplications, c’est-à-dire…
– Ah ! Voilà qu’il ajoute l’impertinence à sa liste de choses à ne pas faire ! Observez, camarades, vous avez là devant vous un spécimen rare d’égoïsme ! Les multiplications, il en a soupé ! Mais parce que pour quelqu’un comme Ulis, ça glisse, les multiplications ! Les chiffres roulent sur lui comme la pluie sur une feuille de ficus, bientôt c’est lui qui va nous dicter le syllabus ! Mon cher Ulis, et les autres ? Y avez-vous pensé ? à ceux qui n’y comprennent fichtrement rien ? Qui savent pas bien placer leur ligne entre multiplicateur, multiplicande et le produit ? Qui n’ont pas encore compris où placer le zéro ou même le point ? Que certains appellent encore un PION !!!! Réalisez-vous l’ampleur de ce naufrage ? Le Titanic en 1916 à côté, c’est une partie de pétanque marseillaise ! triompha M. Lazar face à la classe, qui semblait ne plus être constituée, que de têtes baissées. Cheveux fraîchement coupés et queues de cheval, vision onirique pour un coiffeur.
– Il me semble que c’était en 1912…
– Et voilà que notre Ulis ajoute un item à sa liste de CPC, Choses à ne Pas Commettre, saper l’autorité ! Et pour quoi, au final ? Pour me coller sur le front l’étiquette de l’IEN, l’Incontestable Expression de ma Nullité ?
– Pas du tout, je rectifiais juste…
– Parce qu’il se prend pour un rapporteur maintenant ! Mais je vois très bien dans votre petit manège Ulis, des comme vous, croyez-en mon expérience, j’en ai côtoyé toute une écurie. Doués d’une incurie crasse, ils assistent à la classe, comme ils iraient à la chasse : l’oreille distraite par le moindre mouvement. Oh, mais je peux vous garantir, Ulis, qu’avec vos grands airs, ici, vous ne passerez pas l’hiver ! Parce que vous savez comment ils finissent toujours, les rêveurs du radiateur ?
– En fait…
– C’était une question rhétorique, un procédé que vous ne comprendriez sans doute pas, mais que je vous expliquerai car cela est mon rôle, de vous former et vous enseigner ! aboya M. Lazar, en appuyant sur les deux derniers mots.
– à ce propos…
– La discussion est close Ulis, asseyez-vous donc, les camarades sont, me semble-t-il, suffisamment éclairés sur votre incapacité pour aujourd’hui. Poursuivons, où en étions-nous ?
Alors que Julia, première de sa classe depuis la maternelle, s’apprêtait à répondre, d’un air satisfait, Mme Grantignac, la directrice, que tout le monde appelait par son prénom Pénélope pendant les pauses-déjeuners, parce que certaines barrières tombaient, fit interruption dans la salle de cours et fixa tout de suite Ulis, qui s’était rassis près de son radiateur, son carnet de notes, toujours vide, étalé devant lui.
– Ah, M. Ulis ! Quelle odyssée ! On s’est manqués ce matin, je devais absolument parler au maire d’une école voisine ! Vous m’en voyez navrée ! Je n’ai pas eu le temps de vous accueillir et de vous présenter aux TD que vous alliez suivre aujourd’hui ! Je vois que vous avez trouvé votre salle, et que vous avez rencontré M. Lazar !
– Pardon Pénél, Mme Grantignac, mais j’avoue être confus… bafouilla l’intéressé.
– Vous n’avez donc pas lu votre boîte mail académique dimanche au soir ?
– C’est-à-dire que..
– Passons, j’ai encore beaucoup à préparer pour ce soir. M. Lazar, voici donc M. Ulis, formateur des formateurs de formateurs, qui présentera la formation pour vos étudiants de Master 2 sur la bienveillance à l’école ! Il nous accompagnera toute la journée pour que nous puissions, en forum, enrichir les pratiques éducatives de nos futurs professeurs des écoles !
Et Mme Grantignac, repartit comme elle était venue, comme un papillon, qui n’avait aucune idée du chaos qu’il venait de créer dans la salle de cours de l’INSPE*, et cette effervescence nouvelle donnait à la promo de 2020 le sentiment d’appartenir à une multitude à la fois statique et chatouilleuse…
Heureux qui comme Ulis, fit un beau voyage… au sein de l’éducation nationale.
* ULIS (unités localisées pour l’inclusion scolaire) / IEN (inspecteur de l’éducation nationale) / CPC (conseiller pédagogique de circonscription) / TD (travaux dirigés) / INSPE (institut national supérieur du professorat et de l’éducation)
Déjà de nombreux participants à l’agenda, allez les lire sur le champ !
- PSAD chez Tiniak
- B.T.S chez Gibulène
- Salle de classe chez Lothar
- L’école du DASEIN chez Jobougon
- Ha, travailler le samedi chez Lothar (2ème participation)
- Bic, chez IsabelleMarieDangèle
- Il est mourut chez Mijo
- En rentrant de l’école chez toutloperaoupresque
- Mes souvenirs d’école chez Photonanie
- Disparu le silence, chez La Licorne
- BEPC chez John Duff
- Comment une émission lumineuse et un chat sage sauvèrent une session chez la Miaougraphie de Clément
- Le pion, chez Laurence Délis Palettes d’expressions
- Classe de mer, chez Carnets Paresseux
- (J’espère n’avoir oublié personne, si c’est le cas, faites-moi signe !)
Alors, qu’en pensez-vous ? Pour ne rien manquer, c’est ici !
Image par Erik Karits de Pixabay
oups 😀 😀 😀
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Comme tu dis 🙂
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Ah, la bienveillance en milieu scolaire !
Visiblement, il y a encore du travail à accomplir !
Bonne journée, Sabrina.
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Oh oui ! Mon Monsieur Lazar n’est qu’une version légèrement exagérée de personnages croisés sur mon court chemin 🙂
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On n’est pas à l’abri d’un coup de Lazar !
La preuve avec Ulis et Pénélope.
Former les formateurs qui vont ensuite former les enseignants qui formeront les futurs formateurs à la bienveillance, et se faire remonter les bretelles par l’ego de l’un d’entre eux ! Un comble.
C’est juste une idée de proposition à l’agenda ironique absolument… dotée d’ironie GENIALE !!!
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Ah ah, merci pour ta lecture fine et ton retour chaleureux, Lazar ou coïncidence pour mon formateur formaté ? En tout cas, je me suis amusée à fabriquer ce monsieur dans l’étoffe de vrais pontes croisés sur ma route avec mon cartable de « jeune » professeure. Belle soirée à toi !
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Ah, ah, ah !
De la discipline, de la discipline, ils nous remercierons plus tard. Je crois que monsieur Lazar serait un peu perdu dans l’école d’aujourd’hui.
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Certes, ça bouscule, ça bascule, mais tout est dans l’équilibre 🙂 .Belle soirée à toi,
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C’est pas pour dire (prétérition à suivre…), mais ce monsieur Lazar n’aurait-il pas été précocement frappé du syndrome dit de « Élève-toi, émarge ! »🤔 ?
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Ah ah, « élève-toi émarge », fort bien trouvé, je n’aurais pas dit mieux, même par le plus grand des Lazar 🙂
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Ah ah que j’ai ri!! Je voyais la fin venir, mais je pensais qu’il s’agissait d’un Inspecteur de formateurs! Trop drôle cette confusion et j’aime beaucoup l’idée du papillon qui vient de créer un tsunami sans s’en apercevoir:) Il est vrai que « Quels formateurs lit ses mails académiques un dimanche soir? »Bravo Sabrina, que de souvenirs, on peut en écrire un recueil de nouvelles.
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Tellement bien intégrés ces sigles. J’adore la chute, une leçon de bienveillance par la bande. 😁
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La fluidité avec laquelle tu manies tes dialogues (voire le monologue tant Lazar n’écoute que lui même) est si visuelle que je me suis retrouvée projetée dans cette classe… tête baissée. (un comble pour moi qui fuyait les lieux 🙂
Bravo pour la chute et l’ironie de la situation, Sabrina ! 🙂
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les jeux de l’humour et du Lazar !!
bravo, madame la cheffe du mois 🙂
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Merciiii, bon, il va falloir que je clôture ces votes, maintenant que j’ai tout lu !
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