Bonjour à vous, cela fait bien (trop) longtemps que je n’ai pas écrit par ici. Comme toujours, le temps court (et moi avec), et j’ai délaissé un peu ma pratique d’écriture pour le blog (mais pas l’écriture elle-même, ce qui déjà une bonne nouvelle). Pour ce retour au blog, j’ai donc décidé de participer au dernier Agenda Ironique (concept originel expliqué ici chez Carnets Paresseux). Ce mois-ci, il est hébergé chez Gibulène, il fallait (accrochez-vous) faire parler deux cigales dans un camping, incorporer les mots « fada / calinotade / patito / cabinets » et intégrer la phrase « l’homme de Cro-Magnon racontait des pré-histoires à ses enfants ». Je ne sais pas si le soleil a trop tapé sur ma tête, mais voilà ce que ça a donné, je suis partie sur le répertoire de France Gall, saurez-vous débusquer tous les titres de ses chansons ? Belle lecture à vous, et merci pour cette consigne inspirante !
Au sortir du froid de l’hiver et de la tiédeur du printemps, les Gall se trouvèrent quelque peu dépourvus lorsque la pause estivale fut venue. Nulle économie dans le panier, nulle tirelire de secours à casser. Alors que la famille Gall semblait s’être résignée et que France gardait la tête haute, mais le cœur serré, Martin, le père, eut une idée pour tout de même offrir à sa compagne, un air de vacances cette année. C’est ainsi qu’en guise de déclaration d’amour, comme d’autres offriraient un séjour plein d’étoiles dans les yeux et dans les lieux, Martin emmena sa femme France et leurs quatre enfants Astra, Illé, Ben et Fruh, dans leur Corse à eux, dans un camping, au creux d’une écorce, car ces six Gall-là, s’il fallait encore le préciser, n’étaient rien d’autre que des cigales.
Martin, poète à ses heures, avait alors soudoyé de restants de sucettes à l’anis ses enfants, à qui il avait donné sentier libre pour la soirée, une soirée qu’il espérait douce, aux côtés de sa compagne, qu’il installa sur la mousse au pied de l’arbre qu’il avait repéré près des lavandiers… et – horreur ! – des cabinets des campeurs !
– Ah, mes premières vraies vacances ! s’extasia France, visiblement peu encore touchée par la grâce des étrons partagés.
– C’est sûr, c’est pas l’Amérique…
– Calinotades que ça ! Si maman voyait ma vie !
– Tss. Elle dirait que “j’te l’avais bien dit”, vous auriez dû vous mettre avec une fourmi…
– Mon fada, elle vous adorait ! À sa manière, sans tambour ni cymbale, voilà tout ! Oh, mais regardez comme ils sont si mignons avec leur essuie-tout ! s’écria France en visant un premier campeur.
– C’est du papier-toilette, blêmit Martin Gall, qui aurait espéré meilleur décor pour son rendez-vous romantique que la vision d’un campeur flanqué de papier hygiénique.
– Comme c’est peu banal !
– Mon hémi, vous ne voudriez pas plutôt aller plus haut, suggéra Martin, qui craignait tout à coup que son inspiration n’en prenne un coup.
– Mais, enfin, pourquoi donc ? Regardez-moi ce soleil, sentez comme il chauffe nos ailes, appréciez comme…
– Ouais, enfin, nous n’avons peut-être pas envie de finir comme ces princes des villes qui se transforment en roi des champs dès qu’ils se jettent à la campagne !
– Ne soyez pas si bête, vous exagérez toujours…
– Mais regardez celui-ci, rouge écrevisse ! Une pichenette, et il craquèle !
– Hi hi, c’est vrai qu’il a peut-être oublié sa crème solaire… en tout cas, je ne sais pas ce qui l’attend, mais il a l’air pressé.
Effectivement, ce deuxième campeur, rouge de la tête au pied, semblait comme aux dernières secondes d’une ligne d’arrivée. Martin Gall se tourna vers sa compagne.
– En fait, si je vous ai fait venir ici, c’est que…
– Oh la la, encore des humains avec un essuie-tout à la main ! Il y aurait-il une compétition dont nous ne saurions rien ?
– Je crois qu’avec ces humains, il faut s’attendre à tout… murmura Martin Gall, les antennes dressées, des fois qu’il capterait les informations sur les ondes du camping.
Une demi-douzaine d’estivants, le visage crispé et les muscles contractés, s’avançaient à nouveau vers les cabinets, frôlant au passage les lavandiers.
– Oh, cette odeur, comme c’est doux, a-t-on jamais rien senti de plus beau ? s’émerveilla France, en fermant les yeux. Martin Gall, qu’un tel remue-ménage agaçait, observa sa compagne qui n’avait en rien l’air agitée.
– Vous voyez, évidemment, c’est ça que j’aime chez vous, ma douce. Vous êtes toujours heureuse. Et moi, je suis pauvre et…
– Mon patito…
– Non, écoutez-moi jusqu’au bout, c’est vrai. Votre mère avait raison, vous auriez dû vous accoupler avec un autre que moi, une de ces fourmis, Teenie, Weenie ou même Boopie tiens…
– Boppie, le p’tit dernier ? Quelle idée !
– Boppie a plein d’économies, lui. Et moi, je suis un grand rêveur, mais un pauvre chanteur… Superficiel et léger, voilà ce que votre mère disait.
– Débranchez votre disque mon amour, ma mère…
– Avait raison sur toute la ligne EDF. J’ai pas voulu laisser passer les rêves, j’ai tout fait pour la musique, du jazz à gogo, de la samba, du mambo et résultat, je ne peux ni vous offrir les fleurs ni les rubans que vous méritez, tout ce que j’ai est ce message personnel : j’ai besoin de vous, mon petit baby bop, de plus d’étés comme ceux-ci, de ce coeur qui jazze à mes côtés, quand on est ensemble, je ne sais pas comment vous dire, on est comme Zorro et Diego, je me sens libre dans ma tête, et je crains, je redoute plus que tout, qu’un jour vous ne pensiez plus à moi, que vous ne fuyiez à bord d’un babacar, avec quelqu’un de plus sacré, un Charles, ou un duc de Magne, et j’ai peur de me retrouver seul, avec mes yeux bleus pour pleurer et ma musique à fredonner…
Martin Gall s’arrêta, car c’était une chose de se dire poète de rue, ça en était une autre de se mettre si à nu.
– Rapprochez-vous donc mon bien-ailé, ce n’est pas encore l’heure de la rentrée, profitons de cette douce soirée, nous ne dormirons pas ce soir…
Et en effet, Martin et France Gall ne dormirent pas ce soir-là et se rappelleraient jusqu’à la fin de leur été, cette douce nuit étoilée, dans les effluves des lavandiers et… les remugles des cabinets.
Car à l’heure où tout camping se nimbait ordinairement de silence, le Camping des Fourmis, qui avait organisé, à l’instar des concurrents, une soirée Paëlla, se transforma en épouvantable concours de… flatulences.
Ainsi, comme l’homme de Cro-Magnon racontait des pré-histoires à ses enfants, il existe de nombreuses versions à une même histoire de la cigale et de la fourmi.
Alors, que pensez-vous de cette nouvelle version ? Pour ne rien manquer, cliquez là !
Image par chulmin park de Pixabay
J’ai tellement rit, c’est un vrai bonheur que ce conte décalé mais tellement beau ! Les belles histoires ressemblent à la vie, et elle ne sent pas toujours la rose, la vie, mais elle est incomparable quand elle offre le meilleur de ce qu’elle a à offrir, une telle beauté vaut tout l’or du monde.
J’adooooooore !
Merci pour ces magnifiques photos où le lien nous amène.
🐜 🏕 tzs tzs j’ai pas trouvé de cigales dans les émoticônes, tzs tzs. 🌞
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Ah, merci pour tes mots, je suis ravie que cela t’ait fait rire… Eh oui, la vie peut réserver son lot de surprises, mais tant que règle l’amour et les lavandiers, tout ira bien 😉 ! Passe une belle journée, Sabrina.
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Quelle histoire suave ! et que de souvenirs en même temps, j’ai dû sauter des chansons mais celles que j’ai retrouvées me ramènent à mon adolescence ! par exemple quand tu évoques jazz à gogo, j’avais le 45T. Si j’en crois le dernier concours ce soir là au camping la nuit a dû être bruyante 😀 😀 😀 merci de ce texte truffé de jeux de mots et amusant en diable !
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Merci Gibulène, c’est grâce à ta super consigne ! Des cigales à France Gall, il n’y a qu’un pas 🙂 ! J’ai dû modifier quelques titres pour que ça passe dans les dialogues (des vous au lieu de je, des pluriels au lieu de singuliers), mais je suis certaine que tu en as trouvé pas mal déjà ! Belle journée à toi, Sabrina.
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c’est toute ma jeunesse ! rends toi compte je suis née en 1950 ! ça a bercé mon adolescence 🙂
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Ah oui, en effet ! Ravie d’avoir ravivé de tels souvenirs 😉
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ça fait du bien ! et j’aimais bien FG qui plus est 🙂 merci à toi
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Une très belle histoire, à la fois charmante et subtile. J’ai adoré : ces six Gall-là
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Merci beaucoup pour ton retour, cela fait chaud au coeur, beau dimanche à toi !
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S’inspirer des chansons de France,Gall (et pas six cigales) tout en revisitant la fable de l’illustre La Fontaine voilà qui apporte bien de l’humour à cette proposition pour l’AI d’août. Il est sûr que striduler près des cabinets, malgré les effluves des pieds de lavande n’est pas assez glamour 🙂 Ravie de te relire 🙂 dans les AI.
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Coucou Mijo ! Merci pour ton retour, oui, j’ai mis le temps à refaire surface, c’est toujours quand on se dit que cette fois-ci, on sera réguliers qu’on ne l’est pas du tout 😉 ! Mais j’ai bien envie de retrouver une routine de blog, alors nous verrons bien le prochain agenda ironique, selon s’il parle de cabinets ou non, car bizarrement, cela m’a tout à coup inspirée 🙂 ! Belle journée à toi, Sabrina.
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Bravo pour la performance ! Deux challenges en un, relevés avec brio: l’agenda ironique et cerise sur le gâteau, les chansons de France Gall. Du high level !
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Ah, merci Glomérule pour ton commentaire, je ne sais pas si c’est du high level, mais je me suis beaucoup amusée avec mes six Gall ;). D’ailleurs, je vais en profiter pour découvrir les nouvelles participations avant le vote ! Belle journée à toi, Sabrina.
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Ces six Gall sont vraiment formidables ! On ne « résiste » pas…à l’envie de sourire … Merci à toi pour ce moment de soleil !
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Merci beaucoup la Licorne ! Tant mieux si j’ai pu envoyer du soleil.. (même si, avec la chaleur du moment, on en a déjà pas mal 🙂 ) Belle journée à toi, Sabrina.
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Toujours aussi hilarant ce que tu parviens à nous pondre ! Et inspirant, je dois dire. Ca met de bonne humeur et c’est bien agréable.
Toujours un plaisir de te lire.
bonne rentrée !
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Oh ben merci beaucoup Nadine, cela me touche énormément, j’espère que tu vas bien et que tu continues à écrire et à avancer dans tes propres projets, hâte de te lire, belle journée à toi, Sabrina.
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J’ai apprécié ces 6 Gall et le petit jeu de recherche de titres de chanson a corsé l’affaire et, heureusement, l’odeur ne passe pas à travers les écrans 😉.
Bonne semaine.
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Ah ah, en effet, c’est pour cela que je me permets ce genre d’histoire, merci pour ton passage ici et ta lecture, belle journée à toi, Sabrina.
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Qui sait si la -sainte- Victoire ne s’offrira pas à vous, peinte pas Cézanne, chanté par France Gall, accompagnée par des cigales adéquates !
🙂
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Ah ah, je ne sais pas le métier que vous exercez ou si vous lisez dans le marc de café, mais je découvre aujourd’hui ce mot et ma (sainte ahah) « victoire ». Merci pour ce retour chaleureux, belle journée, Sabrina.
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Bravo Sabrina, tu as gagné haut la main le droit d’être la prochaine hébergeuse de l’agenda ironique qui commence…. quand tu veux (mais en septembre, quand même) !!
mais no pression, si tu trouves que « merci mais non merci », tu me le dis et je prends le relais !
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Eh bien, ça alors, je ne m’y attendais pas du tout, car j’ai apprécié nombreux textes pour cette édition. C’est vraiment gentil. Je vais relever le défi avec plaisir, et vais tenter de concocter un p’tit quelque chose très vite, car je n’ai pas d’excuse cette semaine, je suis en vacances (gloups)… Merci de me faire confiance pour le plus ironique des agendas ! Belle journée à toi, Sabrina.
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