Banc public, banc privé…

Bonjour, me voilà de retour sur mes lignes avec un nouveau texte écrit ce matin même au réveil, inspiré par les consignes très sympathiques de Pascal Perrat, sur son blog. Une histoire de banc qu’il fallait compléter, et voilà ce que cela donne… Eh oui, comme quoi, même les bancs ont plein de choses à raconter, vous ne les verrez peut-être plus du même œil ! Allez, ne perdons pas plus de temps : bonne lecture à vous, et si vous aimez mon histoire de bancs, n’hésitez pas à la partager, à lui donner un pouce et à la commenter !

Deux bancs vacants papotent en attendant le passant. 

– Tu y crois, toi, au banc de sardines ? 

– T’es banjo ou quoi ? Pourquoi que les sardines, elles auraient besoin d’un banc d’abord ? Comment que tu veux qu’elles s’asseyent teh ? 

– Mais non, un banc de poissons, c’est pas comme nous autres bancs publics, enfin, m’étonnerait pas qu’on devienne vite des bancs privés, mais c’est une autre histoire évidemment. 

– Comment ça privés ? Privés de quoi ? Je veux pas être privé de rien du tout moi !

– Non, mais je dis ça comme ça, ne t’emballe pas… mais bon c’est vrai que regarde aujourd’hui, on est plutôt le banc des abonnés absents si tu vois ce que je veux dire…

– Mais, mais, c’est parce qu’on est mardi, et le mardi, les gens, eh bien, ils n’ont plus le temps de… de s’asseoir sur les bancs !

– Ah oui, tu crois ça toi, les gens n’ont plus le temps pour un banc solaire… Je ne veux pas être pessimiste, mais je crois plutôt qu’on est des bancs d’essai. Et que bientôt, avec les restrictions budgétaires et les crises bancaires, on va sauter !

– Sauter ! Mais c’est affreux ! T’as vu mes pieds ? Rongés par la rouille !

– Non, mais c’est une expression… on  va être mis sur le banc de touche quoi…

– Ben, forcément ! Je sais pas toi, mais moi, quand les passants se posent sur moi, ils me touchent sacrément ! Et vas-y que je frotte les jointures, que je caresse mon assise… 

– Évidemment que… Laisse béton, c’est une métaphore si tu veux, pour dire que bientôt on sera de vieux bancs à qui ils trouveront des remplaçants… 

– Quoi, me remplacer ? Moi ? Mais je suis un ancien banc d’école moi ! J’ai été fabriqué en… en… 1996, je suis presque un banc de mémoire ! J’ai même été installé à de prestigieux banquets, pour des instituteurs, avant d’atterrir dans ce… parc !

– Mais oui, je sais bien, ça se voit, tu as encore beaucoup d’allure, je t’assure… Tu sais, dans une autre vie, j’étais banc de musculation… De neige, de brouillard, les gars, ils venaient faire leurs tractions.

– Ah ouais, tu m’avais jamais dit ça avant !

– Eh oui, ça me rend un peu nostalgique, c’était la belle vie. Maintenant, notre sort est bancal… On est sur le banc des accusés, c’est triste… 

– Accusés ? Accusés de quoi ?

– De servir de lit aux “bandits”, qu’ils les appellent. 

– Des bandits ! Aucun bandit ne s’est assis sur moi, je te le garantis !

– C’est normal, ils n’en sont pas du tout, c’est plutôt des bannis de la société, ils n’ont juste pas d’endroit où dormir… alors pouvoir se poser, même pour quelques heures, c’est…

BANG !

– Qu’est-ce que c’est que ce bruit ? 

– Voilà, ils nous enlèvent, je te l’avais bien dit ! Quel banc de requins !! Adieu mon ami, peut-être nous reverrons-nous sur une plage, c’est tout ce qu’on peut espérer de mieux, finir en bancs de sable… 

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Image par Pepper Mint de Pixabay

9 réflexions sur “Banc public, banc privé…

  1. Tu m’as fait rire et encore une fois nous aurions eu des textes similaires. Je n’ai pas eu le temps de faire cet exercice mais je pensais à la chanson de Brassens et à tous ces bancs de la langue française..dont on oublie l’existence. Belle prestation. J’aime comment tu parviens à caractériser les personnages par leur façon de s’exprimer. Cela rend le texte plus pétillant.

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    1. Ah ah merci Mijo, à force de se le dire, on va vraiment finir par travailler ensemble non ? Une pièce de théâtre avec des dialogues et des jeux de mots à gogo 😉 ! Merci pour ton commentaire, évidemment Brassens me sifflotait à l’oreille quand j’ai lu la consigne ! Belle journée à toi, Sabrina.

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  2. Un régal en soyeuse Absurdie. Merci pour ce moment, Sabrina.
    En retour, ces quelques vers, tirés de la fabuleuse logorrhée de mon poète chéri (un de mes trois Jules, en la matière), Laforgue et son « …Hiver qui vient » – 1887.

    On ne peut plus s’asseoir, tous les bancs sont mouillés
    Crois-moi, c’est bien fini jusque l’année prochaine
    Tant les bancs sont mouillés, tant les bois sont rouillés
    Et tant les cors ont fait tonton, ont fait tontaine

    Jules Laforgue, créateur du vers libre et précurseur du triste Club-des-27…
    https://www.poetica.fr/poeme-1140/jules-laforgue-hiver-qui-vient/

    Dedans, il y a notamment : un passage à chanter « Les cors, les cors, les cors… » et une savoureuse parenthèse, juste avant la fin.
    Fais-toi plèz’, comme dirait ma fille, du haut de ses 25 ans. 😉

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    1. Bien merci pour ce commentaire chaleureux, et cette référence, que je ne connaissais absolument pas ! Merci pour la découverte, et cette plongée en 1887, vers d’autres cieux et d’autres bancs ;). Belle journée à toi, Sabrina.

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