Apprentie en herbe #1, où l’envie d’écrire voit le jour

Une formation d’écriture ?

Ben tu veux devenir écrivain ? Mais tu vas écrire quoi ? Tes voyages ? Ton végétarisme saugrenu ? Un ROMAN ? Genre un ROMAN ? Avec un titre, des chapitres, des personnages et une histoire ?

Toi, qui as grandi dans un village que personne situe sur la carte de France, tu te prends pour un auteur, une auteure, une autrice, on s’en fout, c’est pareil ?

Mais t’es au courant que c’est difficile d’en vivre ? T’es au courant qu’il y a plein d’écrivains qui seront jamais reconnus et qui écriront toute leur vie seulement pour leur tante ou leur chat ? Et ça flattera leur ego parce que l’un peut pas parler, et l’autre critiquer ?

Tu sais qu’il faut jouer des pieds et des mains dans ce milieu, si t’es pas tombée dans la marmite depuis que t’es tout petite, et que t’es pas un génie ? Enfin, Rimbaud à 15 ans, il avait déjà reçu des prix littéraires pour ses vers ! En latin !

Je sais bien que tu fais du yoga, que tu aimes les oiseaux et les arbres, toussa toussa mais il faut que t’atterrisses ma vieille ! Le monde il est bien vaste pour une petite souris de ton espèce ! Ca va être dur de faire ton trou ! Je sais, l’humour, c’est naturel chez moi !

Quand j’ai décidé de m’inscrire à une formation d’écrivain, j’étais assez anxieuse de l’annoncer à mon entourage. Pour plusieurs raisons.

La première, c’est que je devais assumer aimer l’écriture, au point d’oser embarquer dans une aventure dédiée à cette passion. Pour ceux qui ont lu mes différents blogs de voyage, ce n’est pas forcément une surprise. Mais disons qu’en réalisant ce saut dans l’inconnu, j’affirmais haut et fort « JE VEUX ECRIRE, PARCE QUE C’EST MON PROJEEEEET ». Enfin, pas comme ça non plus.

La deuxième, c’est que dans cette société de la consommation, de la production et de la réalisation de soi, il est presque inconcevable d’entreprendre une telle démarche sans obligation de résultat. Je me forme dans la menuiserie, je suis menuisier, je me forme en comptabilité, je suis comptable… je me forme à l’écriture, je suis écrivain. E=mc2 quoi.

(Personnellement, moi, j’ai pris des cours de guitare, et mon chat prend la poudre d’escampette dès que je gratte une corde)

La troisième, découle de cette allégation presque sophiste, et concerne l’avenir. Que se passe-t-il ensuite, lorsque j’ai terminé mes consignes, lorsque j’ai achevé mes exercices, lorsque j’ai assimilé quelques techniques, que suis-je si je ne publie pas, si je n’écris pas un roman, si je ne suis pas reconnue comme telle ? Si je reste moi, une petite prof d’1m57, passionnée de lecture et d’écriture, qui griffonne dans son bureau ? Une écrivaine ratée ? Une looseuse de la write ? Une rêveuse déchue ? Une lubie passagère, une envie de passage ?

Et puis, le front frondeur, prête à affronter toutes les questions, je l’ai annoncé, petit à petit.

J’ai entamé ma formation, construit un énième blog où j’expose à la vue de tous, des textes bien plus sérieux et impliqués que tous mes précédents. La tête baissée, prête à abdiquer face aux critiques.

Et depuis, j’ai rencontré d’autres plumes superbes, drôlatiques, et bienveillantes, j’ai appris à ciseler mes écrits, à prendre du plaisir même dans des genres avec lesquels je n’ai aucune affinité. Non au départ, la nouvelle sentimentale, et les bouquets de fleurs bleues, c’est pas mon dada.

Et j’accepte.

J’accepte le fait que je ne sais pas où je vais. Je ne sais pas où va me mener cette formation, sous quels yeux vont tomber mes textes, quel avenir on leur réserve, et si avenir il existe.

J’accepte de laisser faire les choses, et d’apprécier tout ce qu’écrire m’apporte. J’ai surtout compris qu’il fallait arrêter de vouloir combattre le temps, une lutte perdue d’avance, et que je me concentre sur le hic et le nunc (l’ici et maintenant en latin, pour me glisser dans la peau d’une intellectuelle) pour commencer à écrire vraiment. Régulièrement, sérieusement. Pas tous les 36 du mois par 37° au soleil.

En somme, Stop talking, start writing, pour les Anglophones.

Car dans tous les cas, que je sois portée un jour aux nues (sans avoir à être nue), je sais que dans la tête d’une personne au moins, je suis déjà un écrivain. (Les mamans, ça compte pas)

Celle de mon compagnon.

En fait, deux, avec mon chat.

Et j’espère bientôt trois, avec moi.

Belle journée à vous, les lecteurs, je vous laisse sur mon premier texte d’une longue série, hors-formation, hors-nouvelle, hors-piste, hors-sujet… hortensias quoi.

N’hésitez pas à faire vos retours sur ce nouveau format Apprentie en herbe où je vous ferai part, entre deux vraies nouvelles, de mes faux doutes. Sabrina.

Et surtout… abonne-toi pour lire les actus du blog

17 réflexions sur “Apprentie en herbe #1, où l’envie d’écrire voit le jour

  1. Bon jour,
    « formation d’écrivain » ? Je ne savais pas que cela puisse exister. Je me pose la question au regard de mon parcours qui n’a rien à voir avec les mots et vous prof de langues … Vous avez les bases d’une construction d’un texte … après je ne vois pas vraiment la plus-value … si ce n’est écrire, écrire, écrire, écrire … pour le reste, je pense à Hugo qui dit :  » …De toute œuvre, quelle qu’elle soit, chétive ou illustre, se dégage une figure, celle de l’écrivain. C’est sa punition, s’il est petit; c’est sa récompense, s’il est grand « .
    Max-Louis

    J’aime

    1. Bonjour Max-Louis et merci pour ta réflexion, en effet, cela existe, et ça reprend les techniques du « creative writing », très populaire aux USA par ex, où l’on n’a pas la même vision de l’écriture. Je suis bien d’accord avec toi, pour moi, c’était surtout une manière de me canaliser et de voir la réception de mes textes sous d’autres yeux, plus inquisiteurs, que ceux, très gentils, de mes proches. Après, je ne pense pas qu’on puisse s’auto-proclamer écrivain une fois formé, car l’écrit n’est pas qu’une question de technique, loin s’en faut 🙂 ! Cela m’a permis de me jeter à l’eau, de manière un peu sérieuse, moi qui aime la légèreté ! Maintenant, y’ a plus qu’à nager ! Belle journée à vous !

      Aimé par 1 personne

  2. « formation d’écrivain » ? il y a surement des trucs et de la confiance à y glaner ; après, écrire, écrire et écrire. Tous les jours ? non, mais régulièrement, où irrégulièrement, mais souvent. Publier ? c’est bien, mais inédit n’enlève rien au fait d’écrire. Stephen King (ou un autre) disait qu’un écrivain se définissait en deux points : commencer à écrire, et finir l’histoire.
    bon courage !

    Aimé par 1 personne

    1. Bonjour les carnets et merci pour ton message ! Je suis en effet d’accord avec toi sur la confiance, je voulais m’impliquer plus sérieusement dans ce que je faisais, trop habituée à écrire ce que bon me semblait, sans jamais terminer ce que je commençais ! Je suis plutôt autodidacte et d’un caractère passionné, résultat, je me passionne, je me passionne, je papillonne, et je reste brouillonne 🙂 Merci pour ce cher Stephen King, que j’ai beaucoup lu, et qui a fort raison. La formation aura au moins permis que je termine chaque nouvelle, maintenant, place à l’écriture au long cours, pour aller de A à B ! Belle journée à toi! Sabrina

      Aimé par 1 personne

  3. J’adore !!!! J’adore ce texte qui respire le désir, la passion, l’envie d’explorer d’autres horizons pour avancer, progresser, s’ouvrir, s’épanouir………. pour éclore magnifiquement ! j’admire ton travail, ton humour, ton naturel. C’est toujours un grand plaisir de te lire !

    Aimé par 1 personne

    1. Oh merci énormément pour ce beau message !!! Toujours aussi motivant, ça me fait très plaisir ! Bien heureuse de le découvrir aujourd’hui 🙂 A très bientôt, bisous!

      J’aime

  4. Je pense qu’on est dans le même état d’esprit !
    Moi non plus je ne savais pas qu’il existait une formation d’écrivain. je me contente de participer à quelques ateliers d’écriture.
    Ton texte est merveilleux d’énergie, de franchise et de positivisme, j’adore !

    Aimé par 1 personne

    1. Merci Marinade 😉 ! Cela me fait extrêmement plaisir ! Cela commence pas mal à se développer en effet, même si les Anglo-Saxons sont en avance sur cette question, il en reste que cela donne des techniques pour avancer et des commentaires pour affiner son style, mais que ça ne garantit pas le fait to be or not to be un écrivain ! Belle journée à toi, et au plaisir de te lire !

      Aimé par 1 personne

  5. Hello Sabrina, c’est toujours un plaisir de lire tes nouvelles, et je m’aperçois que de te lire en « roue libre » est tout aussi agréable. J’y retrouve ton humour, ton naturel, qui font du bien. Je me suis complètement reconnue dans le questionnement par rapport à l’écriture et celui auquel on fait face quand on commence à en parler. Pour ma part cela s’est fait très discrètement, mais j’ai aussi eu droit à « une formation pour écrire ? » Où tu entends presque avec netteté « mais chérie prend ton stylo et gratte le papier. » Aussi l’attente du résultat « Pour écrire quoi ? » Si seulement je le savais 😉 J’ai également la chance d’être soutenue par ma moitié. Heureusement qu’ils sont là ces amours.
    A très vite sur nos blogs, ou sur l’EL. 😀

    Aimé par 1 personne

    1. Coucou Christelle et merci beaucoup pour ce chaleureux commentaire sur un texte hors formation ! J’espère que ce blog va évoluer en ce sens, avec des questionnements sur l’écriture, des retours de lecture et des nouvelles de tout univers ! Mais ça demande du temps ! Eheh, je vois tout à fait la remarque sous-jacente à telle déclaration ! Quant à « pour écrire quoi », bienvenue au club 🙂 ! Je suis ravie de te voir ici en tout cas, je te lis toujours avec grand plaisir, et tu as mon entier soutien ! C’est toujours agréable à savoir, même si je ne sais pas si cela va t’aider 🙂 ! Belle journée à toi ! Sabrina.

      J’aime

  6. Un de plus pour moi ce soir, je frôle le désespoir, moi qui ne voulait pas me coucher tard, je suis absorbé comme un buvard..
    Oui oui je sais je suis une poète à ses heures perdues, la rime ça me connait… ahahah
    Voilà voilà au milieu de mes inepties d’ados attardé, heu retardé, heu en retard?
    C’est surtout que vraiment c’est chouette, l’air de rien, tu fais passer un vrai message à chaque fois, et je fais ma maligne mais celui ci me touche..
    Je suis en plein dedans, qui a dit en fait que si l’on essayait quelque chose il fallait absolument toucher les étoiles de la galaxie du monde … de consommation actuelle.. c’est dans l’air du temps.
    Ajoute une personne parmi tes fans, à ton chat, ta maman ou ton binôme..
    Même si le nombre de j’aime est secondaire, je tiens à voter « pour » la continuation des rêves abracadabrantesques..insolents..impertinents..sans début, sans fin, sans objectif carriériste artistique..
    VIVA LA LIBERTAD

    Aimé par 1 personne

    1. MERCI ! Pour tous tes commentaires bienveillants, ton peps, et tes lectures. Désolée de t’avoir fait veiller, mais c’est bon signe pour quelqu’un qui s’essaie à l’écriture, c’est que j’arrive à capter l’attention, même d’une « adulescente » 🙂 ! Belle journée à toi, qu’elle soit remplie de petits riens qui font le tout ! Bises Perrinette.

      J’aime

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.