Jugera bien qui jugera le dernier

Quand on venait pour se faire ausculter, un beau tailleur il vous sculptait. Quand on venait se faire diagnostiquer, votre bon sens il astiquait. Quand on voulait un simple papier, un mauvais quart d’heure vous passiez. Les assurances maladie l’adoraient, l’adulaient, devant lui ondulaient.
Car quiconque allait au cabinet du docteur Poinbarre finissait à poils, sans un sou dans le falzar ! Continuer de lire Jugera bien qui jugera le dernier

Les trois corbeaux

Il leur fallut alors un bouc émissaire, et les boucs ne faisant guère légion dans la région, le choix s’était porté sur les corbeaux… Voyons, ces êtres noirs ne pouvaient abriter dans leur esprit que des desseins aussi sombres que leur pelage… Et puis, ils n’étaient jamais loin, comme prêts à se vautrer sur les cadavres, tels de véritables vautours… Continuer de lire Les trois corbeaux

Bataille royale

Bonsoir bonsoir ! Enfin un peu le temps de gratouiller et griffonner sur mon carnet en ce début d’année déjà chargé. J’espère que les fêtes ont été douces et joyeuses malgré… malgré tout ! Dans ma liste de résolutions qui ne tiendront pas plus de deux semaines comme celle de faire plus de promo pour mes livres, j’ai décidé d’accorder toute sa place à ce … Continuer de lire Bataille royale

(Mauvais) esprit de Noël

calendrier de l’avent ouvrait sa première fenêtre, qu’il fermait la sienne ! Il enfonçait sa mauvaise humeur derrière ses volets qu’il ne rouvrait qu’au premier janvier, lorsque les sols commençaient à geler et les saoulards à désaouler. Dans son jardin, poussaient à cette période, comme des « Amanites Tue-Louches », des panneaux aux messages on ne peut plus clair : « Houx-ste ! » « C’est le lutin final ! » « Pas de Oh oh oh ici, je ne Ah ah ah pas ! ». Continuer de lire (Mauvais) esprit de Noël

La tête de veau (atelier L’Inventoire)

Toutes les fourchettes se sont arrêtées de fourchetter. Un silence s’est installé autour de la tablée. Était-ce du lard ou du cochon ? Enfin du tofu ou du seitan ? Dans cette famille de bouchers de génération en génération, le malaise était grand et n’avait pas l’air de vouloir déguerpir.

— Ah, ce Lucas, toujours le mot pour rire ! Prends donc de la tête, avec le plein de sauce ! a répliqué ma mère, prenant le plat à pleines mains, priant pour que 1 mon père n’ait pas entendu cette phrase incongrue et pour que 2, ladite phrase incongrue le reste. Continuer de lire La tête de veau (atelier L’Inventoire)

Eveil des sans

Le café était bondé, comme à son habitude à cette heure-ci, heure du brunch, sans Monster Munch ni punch. Sophie Stickey  y retrouvait son amie de toujours, Tara Biscotey. La première était déjà installée, devant un thé amer, les yeux sur le bitume, sans autre pensée que celle de revoir Tara qui lui avait fait comprendre, à sa manière bien à elle, sans ambages et sans passer par quatre chemins qu’elle avait une nouvelle à lui conter. Enfin, la dernière fit son entrée et se dirigea vers la table sans attendre d’y être invitée par le serveur. Les bises claquèrent sans bruit dans les airs, sans que joue ne se touche, danse sensuelle d’une ère où les bonjours se lancent à la volée. Continuer de lire Eveil des sans

Zinocchio

Bonjour à tous ! Enfin, je reviens, après une trop longue absence ! Il pleut, les ateliers en ligne de l’Inventoire reprennent, donc je remets à plat mes objectifs d’écriture. Et comme mon texte est plutôt long (et légèrement satirique) aujourd’hui, je vais vite couper cette introduction. On se retrouve en commentaires et si vous n’avez toujours pas osé commander mon dernier recueil de nouvelles, il est accessible dans toutes les librairies maintenant, en format numérique et papier. Merci pour votre soutien et votre patience. Belle lecture à vous !

À Clavono, la capitale de Stromboli, les Fantasios ne croyaient plus au « fantastique » de leur gouvernement. Depuis plusieurs mois, les Fantasticos, les dirigeants de Stromboli, essuyaient rebuffades et autres bravades des estrades.

Pour Gédéon, le chef des Fantasticos, ce n’était que des bouffonnades, de la fanfaronnade d’un peuple toujours maussade. Bref, une plaie de la plèbe à panser, avec un peu de pommade. Grand Coquin, son fidèle conseiller de fort petite taille, lui, ne voyait pas de cet œil les dernières actualités. La cote de Gédéon était au plus bas malgré un certain sens de la tournure de leur chef, et les élections prochaines prenaient justement une mauvaise tournure. Pour Grand Coquin, l’heure était grave : il demanda à rassembler les différents conseillers de Gédéon.

— Chef, les élections se rapprochent, et l’état du pays est plutôt…

— Moche.

Figaro, conseiller financier et ancien journaliste économiste, venait d’entrer dans la pièce. Grand Coquin lui lança un regard courroucé, il fallait toujours que ce Figaro se fasse remarquer, lui et son sourire aux dents bien droites.  

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Jeux Olympiens (naissance d’un mythe)

Bonjour bonjour ! L’été continue avec aujourd’hui un nouveau texte, inspiré de certains événements récents, que je te laisse deviner ! Comme le texte est plus long qu’à l’accoutumée, disons plus long que depuis quelques semaines, je vais aller très vite dans mon introduction ! En résumé, si t’aimes la mythologie, et un peu moins les mythos, l’amour et l’humour, ce texte est pour toi ! Pour le reste, un Apprentie en herbe à venir la semaine prochaine autour de l’autoédition pour mieux expliquer la sortie de mon recueil ! Belle lecture et n’hésite pas à faire ton Hermès et me laisser un petit message 😉 !

Au mont de l’Olympe se tenait tous les ans un grand banquet que les Dieux, par goût des mondanités ou par ennui, avaient décidé d’instaurer, en invitant à la tablée légendaire les Dieux les plus célestes (et les plus funestes). C’est ainsi que pendant ces Olympiades, il n’était pas étonnant d’y croiser Asclépios, Dieu de la médecine, en pleine discussion avec Hermès, Dieu du commerce, d’y voir Artémis, Déesse de la chasse, discutailler avec Pan, Dieu de la nature, d’y observer s’encanailler Géras, Dieu de la vieillesse, avec Hébé, Déesse de la jeunesse ou encore d’y remarquer Demeter,  Déesse de la moisson, s’enjailler avec Dionysos, Dieu de la boisson.

Alors qu’Hypnos, déesse du sommeil, s’endormait à table et qu’Apollon, Dieu du chant, entonnait un énième refrain à la gloire d’Aliagas, Dieu de l’animation et des nuits, Dolos, Dieu de la duperie, décida de jouer un petit tour à Philotès, Dieu de l’amour « charnel » (pour ne pas dire autre chose) qui se faisait mousser (il avait cinq verres d’Olympios dans le cornet), avec la liste de toutes et tous les partenaires qu’il avait satisfaits et ce, en une seule année. Dolos, en couple depuis tant d’années avec sa bien-aimée Apaté, en avait soupé de toutes ses vantardises qui lui laissaient, sans qu’il en ait jamais pu trouver la raison, un goût salé en bouche. Il approcha Momos qui semblait froidement bassiné par sa discussion avec Athéna, Déesse de la raison. Ne l’avait-on point convié à une fête !? songeait celui-ci.

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Aligote, tête de linotte

sa tour de la résidence du Bosquet Ronflant. Elle appréhendait de mettre un pied dehors. Surtout qu’elle n’avait plus vraiment de chaussures, au fur et à mesure que les années avaient passé, elle en avait débarrassé le plancher, contre des objets plus utilitaires, peut-être même contre des denrées alimentaires. Elle se rabattit sur ce qu’il lui restait, des pantoufles de Vergt, la bourgade voisine. Continuer de lire Aligote, tête de linotte