Bonjour à tous, étant en vadrouille tout le mois de septembre, il m’est compliqué de garder un rythme de publication décent et fréquent. Mais l’écriture étant très présente dans cette itinérance, je livre ici un texte initialement prévu pour l’agenda ironique d’août (oups). Pas de chichis ni de blabla aujourd’hui, je poste depuis le téléphone et ce n’est guère mon outil préféré ! Il fallait partir de la consigne de chez L’ornithorynque ainsi que du cliché Trip to Mars, et faire apparaître un bonimenteur et une barraque. Voilà ce que j’en ai fait, voilà le lien pour tous les auteurs qui ont rendu le travail à temps. En plus, c’est ma chère Mijo qui remporte le droit de faire l’agenda de septembre alors, que de bonnes raisons de lire les textes proposés !
— Avancez, avancez, ladies and gentlemen, n’ayez pas peur de vous approcher un peu plus ! Vous vouliez décrocher la lune, nous vous proposons encore plus grand, encore plus fou, encore plus incredible, parce qu’il faut dire oui à la vie avant de se retrouver six pieds sous terre, parce que vous avez tous en vous un enfant qui sommeille, qui a eu un jour la tête dans les nuages et qui l’a reléguée trop tôt sur ses épaules, parce qu’il est temps de faire revenir à lui cet innocent astronaute qui a préféré la sécurité d’un emploi chez Briconautes, ladies and…
— C’est quoi Briconautes ?
Jeffrey Junior s’interrompit, eut l’air de vouloir reprendre sa respiration, observa la foule qui l’écoutait : une grand-mère et une adolescente aux yeux bien ronds qui le fixaient d’un air qui disait clairement « je ne partirai pas sans ma réponse ».
— Laisse tomber kiddo, tu comprendras quand tu seras plus grande.
Elle le fixait toujours de ses yeux ronds comme des ballons.
— Hum, ladies and gentlemen, aujourd’hui et seulement today, je vous promets une unique aventure, un voyage d’une grande envergure, à la rencontre de la mystique, de la mirifique, de la marvellous…
— Tu sais que t’es pas obligé d’en faire des caisses, la mamie a l’air sourde comme un pot de confiture.
— Que, quoi ? Excuse-moi jeune fille, mais je n’ai pas vraiment de temps pour discuter de… confiture. Laisse-moi faire mon travail, je te prie et va t’acheter une barbe à papa, veux-tu.
— Pfff, c’est dégueu, et en plus, c’est complètement débile comme nom.
Jeffrey Junior se sentit perdre de sa superbe. Il n’était pas habitué à être interpelé de la sorte. Et pendant cette discussion, les passants passaient. Son filon filait.
— Ladies and gentlemen, il est temps pour vous de vivre le grand frisson, de décoller pour une intergalactical experience…
— Franchement, c’est ringard ton truc, ta barraque, elle ressemble à rien, on dirait Star Wars dans les premiers épisodes, enfin, je veux dire, les plus vieux, parce que bon, tu vois ce que je veux dire.
— Star Wars ? répondit Jeffrey Junior, qui ne voyait absolument pas ce qu’elle voulait dire. Était-ce une roulotte concurrente ?
— Sois pas vexé hein, on va dire que c’est quand même pas mal pour ton époque quoi. Je pense que la mémé elle kiffe en vrai, même si elle est plus sourde qu’un pot de Nutella.
Jeffrey Junior essuya à l’aide de sa manchette les gouttelettes qui commençaient à perler sur son front. L’air lui semblait plus lourd. Les paroles de la petite-fille toujours plus opaques. Était-elle envoyée par la police ? S’était-on rendu compte de la supercherie ? En même temps, tout le monde savait bien qu’il était impossible d’aller sur Mars… Ce n’était qu’un gentil mensonge, un mensonge de bonimenteur, pour amuser la galerie, pour égayer les esprits. Devrait-il à nouveau plier bagage et trouver une autre fête foraine, d’autres barbes à papa, d’autres barraques à pimpins ? Il se sentit très à l’étroit dans sa chemise.
— Bon, faut que j’y go. En vrai, Mars, c’est pas si impressionnant que ça, mais ouais, pour vous, ça doit être sympa ton attraction… chouette ta veste !
*****
— Alors, Indiana chérie, comment c’était ? s’enquit Mme Zébos.
— Mouais, bof… Ils devaient sacrément se faire chier à l’époque.
— Indiana, je n’aime pas quand tu parles ainsi.
— Nan, mais c’est vrai ! Enfin, c’était quand même une bonne idée, mamounette, j’ai quand même pris des super stories pour mon Insta.
Mme Zébos leva les yeux au ciel et reprit le cliché qui avait permis de déclencher le saut dans le temps. Elle s’était fait une joie de ce voyage spatiotemporel, un cadeau pour marquer les 16 ans de sa fille Indiana qui n’aurait pas cillé davantage si on lui avait offert une encyclopédie sur les champignons et autres funghis. En latin.
Elle repensa au grand-père Jeffrey Junior qui avait passé sa vie à vouloir aller sur Mars et à son propre mari qui avait fait de ce rêve une réalité. Indiana avait déjà regagné sa chambre et ses réseaux de followers avides de savoir ce qu’elle avait bien pu recevoir comme cadeau pour ses 16 ans.
Qu’aurait pensé l’illustre illusionniste de cette adolescente qui allait sur Mars comme au supermarché, qui traversait les époques comme elle cliquait sur son smartphone ?
Qui n’était en somme, qu’une Amazone… une Amazone des temps modernes…
Elle regarda l’heure et tandis que son mari Jeffrey devait au même instant rentrer ses satellites dans l’espace, elle se sentit bien seule dans le silence de leur villa.
Alors, que pensez-vous de mon trip to Mars ? Abonnez-vous pour ne rien rater sur ma planète.
Crédit photo : trip to mars 10 cents
Hello Sabrina, alors ça un saut dans l’espace temps d’une ado du cosmos, c’est original. J’aime bien les mots en anglais ça dynamise le récit. Les dialogues sont percutants( surtout pour Indiana Chérie). J’ai découvert pourquoi le pot de Nutella me nargue. Il est sourd à mes injonctions de se cacher à ma vue 🙂 J’espère te voir pour l’AI de septembre. Tu as jusqu’au 28/09
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Ah merci Mijo, j’ai honte car mon ébauche de texte était commencée en temps et en heure mais je soumets en retard et un brin à « l’arrache »… promis, parce que c’est toi, je vais tenir le calendrier pour septembre ! Belle soirée à toi !
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