Bonsoir ! Dernier texte en date avec une nouvelle inspirée par le blog de Pascal Perrat dont je ne me passe (et lasse) plus ! La consigne était la suivante, compléter cet incipit : Encore une maison de pauvres ! Aucun bijou, pas d’espèces planquées quelque part ! Rien ! Il s’empressa de déguerpir. Près de la porte, sur une encoignure, une canne avec un pommeau en tête de chien. Il s’en empara. S’il avait su… Si j’avais su pour ma part que ça allait m’inspirer tellement de lignes que je n’ai pas osé poster ma courte nouvelle sur le blog en question. Comme il est tard, je vous laisse le découvrir sans plus attendre, demain il y a école ! Bonne lecture, et comme toujours, partagez, commentez, participez, bref communiez avec l’écriture :=) !
Encore une maison de pauvres ! Aucun bijou, pas d’espèces planquées quelque part ! Rien ! Il s’empressa de déguerpir. Près de la porte, sur une encoignure, une canne avec un pommeau en tête de chien. Il s’en empara. S’il avait su…
Deux molosses atterrirent aussitôt devant lui, un air pas vraiment « toutou friendly ». Ransen Pulin frémit. Se pourrait-il qu’il vécût-là ses dernières heures ? Comment les colosses avaient-ils pu se poser ainsi devant lui comme deux campanules ? Ça le rendait incrédule. Il regarda la canne qu’il tenait à la main. Et si, sur le pommeau, avait été représentée une tête de chat ? Aurait-il à la place deux chatons trop mignons comme ceux qu’il suivait sur TikTak ? Il n’eut pas le temps de réfléchir. L’un des molosses, (il découvrirait qu’il s’appelait Milou), se mit à grogner plus fort. C’était si bête, finir en morceaux, ou plutôt en croquettes, pour une canne tout droit sortie d’un décor de guinguette… Il voulut la reposer. Le deuxième chien, (qui se prénommait Tintin, comme il l’apprendrait par la suite), se mit à aboyer.
— You don’t want to do that, gronda une voix, sortie de nulle part, comme un nénuphar.
— Euh, je… je ne parle pas anglais…
— Oh pardon… avec cette veste en tweed, j’ai pensé que… s’excusa la voix.
— C’est vintage en fait…
— Je ne ferais pas cela si j’étais toi ! reprit la voix, qui se révéla appartenir à un vieillard avec qui on n’avait pour autant pas envie de fricoter. Les deux chiens, beaux mais belliqueux, y étant sûrement pour quelque chose.
— Ah… euh, et que feriez-vous justement car ces deux toutous…
— s’appellent Tintin et Milou, tonna le vieil homme. Et ils n’aiment pas les voleurs, et encore moins les amateurs de ton espèce. Un geste, et ils te croquent, un deuxième et c’est la mort.
— Je suis désolé, je ne voulais pas vraiment…
— Hum… vraiment quoi ? Me cambrioler ? ricana le vieil homme en s’approchant bien trop près du visage du jeune garçon.
— Enfin, si au départ, je venais bien vous dérober… mais pas grand-chose, un petit quelque chose quoi…
— Une petite montre, un petit bracelet en or, pour le revendre à de petits voyous à petit prix ? continua le vieillard avec un air sardonique, Tintin et Milou commençant à montrer des petits signes d’impatience.
— Mais j’ai rien pris, j’ai vite compris que…
— Que ?
— Ben que vous étiez… pauvre.
— Ah ! Pauvre ! Est-il pauvre celui qui possède au cœur la richesse ?
— Pardon, mais j’ai pas eu mon brevet, alors la philo, Lao Tseu, tout ça…
— Et cette canne ?
— J’allais la reposer, j’étais juste… curieux ! Qu’est-ce que je ferais d’une canne à mon âge ? D’ailleurs, je vous la laisse, et euh… on oublie tout, Tintin, Milou, tout ça… se risqua à proposer le garçon d’un air contrit, les chiens commençaient à jouer avec ses lacets. Il aurait dû mettre des scratches.
— Ne t’avise pas de poser cette canne petit ! s’écria le vieillard.
Le garçon suspendit son geste, et surprit le regard de Tintin, ou Milou, (peu importe cela ne disait vraiment rien qui vaille). Il se mit à franchement trembler, comme une feuille, ou une saucisse dans une poêle.
— Ransen Pulin, reprit le vieil homme.
— Comment savez-vous mon nom ?
— Je sais tout de toi. De tes petites manies, de tes petites ambitions. Je sais aussi que tu penses que s’il y avait eu une tête de chat sur ma canne, tu caresserais en ce moment même deux petits chatons tout trognons.
— Je… comment…
— BIG FATHER IS WATCHING YOU.
— Je comprends toujours pas l’anglais… murmura le garçon, les larmes aux yeux, non pas devant ses lacunes linguistiques mais Tintin et Milou lui reniflaient maintenant l’entrejambe.
— Je vais te donner un conseil de vieux de ma trempe au lieu de t’en filer une. Dans ce monde, il n’y a rien que tu emporteras dans ta tombe : une montre, un bijou, une canne, tout ceci est déjà du vent, un mirage. POUF ! fit le vieillard en claquant des mains. La canne avait disparu. Les chiens non.
— … Je voudrais pas crever avant d’avoir connu les chiens noirs du Mexique qui dorment sans rêver… reprit le vieillard en – comble du rapport de force ! – chantonnant presque. Ce que tu ramèneras avec toi, ce qui pèsera dans tes valises de jeune marcheur sur la planète, ce sont les regrets et eux, crois-moi, ils te rongeront jusqu’à la moelle, pas comme mes petits Tintin et Milou. Oh non ! Paf !
Les molosses avaient disparu, comme les fleurs en hiver.
Le grand-père lui parlait maintenant à 2 centimètres du visage, le garçon sentait son haleine, une haleine lourde, chargée du poids des années.
— Les regrets te poursuivront et te ficheront une sacrée trouille, tu seras mort avant d’être mort si tu ne commences pas tout de suite à VIVRE POUR DE VRAI !!!!!!!!
Paul Serenni ôta aussitôt son casque de réalité virtuelle et ferma violemment l’écran de son ordinateur. Ses mains tremblaient. Il se frotta la joue, là où il avait cru sentir jusqu’au souffle du vieillard. Il se rappela : c’était juste une session dans le métavers… Il regarda ses jambes, intactes. Il était en short. Il serait peut-être temps de se coucher… Il repensa au grand-père et aux molosses. Tintin et Milou… Effrayé par un papi… De mieux en mieux. Il se mit à rire puis il stoppa net : sur le poster au-dessus de son lit, son idole depuis le lycée, Snoop Dog, prenait la pose, costard criard et clin d’œil complice sur… une canne avec un pommeau à tête de chien.
Alors, qu’est-ce que vous en avez pensé de mon histoire de canne ? Pour ne rien rater, c’est là, yo !
Crédit Photo @James demers
Crédit twist de fin Cyril G. 🙂
Intéressant cette rupture avec le passage d’une réalité virtuelle à celle de notre bas monde. Suis moins sensible à la technologie, en revanche la scission entre les deux mondes, annoncée certes par le titre, m’a déstabilisée, car justement trop abrupte. Je n’ai pas compris qu’il était dans un jeu durant la lecture.Par contre c’est formidable ce clin d’oeil avec un poster au dessus du lit, qui représente une canne avec un pommeau à tête de chien. Alors du coup est-ce un jeu virtuel ou un cauchemar qui s’insinue dans le jeu ?
Toujours un plaisir de te lire, et je suis aussi addict des consignes de Pascal PERRAT, qui stimulent notre imagination et contribuent à polir, affiner notre style.
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Bonjour Mijo et merci pour ton retour toujours constructif. Moi aussi, j’essaie de ne pas trop m’embarquer dans ces mondes virtuels même si pour promouvoir ses écrits il faut en passer par là… à la réécriture je mettrai plus de rondeur pour que la chute soit abrupte mais pas trop ;). Belle journée à toi, au plaisir chez Pascal ;).
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Bon jour Sabrina,
Diantre, jusqu’au bout j’y est crû et puis l’inattendu qui point son nez et d’un coup de crocs le basculement franc de la réalité reprend sa vision de celui du virtuel… 🙂 Sa claque 🙂
Bonne journée à toi.
Max-Louis
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Eh eh merci Max-Louis, ça me touche beaucoup. Les compliments, même virtuels, me vont toujours droit au coeur ;). Belle journée à toi !
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