Bonjour, bonsoir ! Je reviens enfin avec un nouveau texte et une nouvelle catégorie sur le blog « À vos styl’oh », une sorte d’atelier d’écriture sans prétention ni prérequis où vous écrivez comme vous êtes ! Il paraît que tout a déjà été dit / écrit / filmé / réalisé / sculpté (quoique… mon buste ne l’a jamais été… et à forte raison), mais je me lance quand même ! Tous les mois, je proposerai donc des consignes d’écriture qui varieront (ou non) selon mon humeur. Aucun minimum ni maximum n’est demandé, vous pouvez agir à votre guise, poster votre texte directement en commentaire si vous n’avez pas de blog (ou me l’envoyer par mail) ou mettre un lien pour pouvoir le lire, j’ajouterai le tout au fur et à mesure sur la publication d’origine. Pour cette première tentative, je m’inspire donc du roman que je suis en train de lire (j’en parle ici !) Les Petites Reines de Clémentine Beauvais. Il faudra donc une histoire, où placer cette phrase LES ENFANTS SONT D’UN TOTALITARISME et les mots CANARD / GONFLÉE / DÉDAIGNEUX / INDOCHINE, inventer une expression bien à vous, et tout ceci autour de la thématique LES PETITES REINES. Voici ce que cela m’a inspiré, j’avoue avoir contourné un peu ma consigne hihi… Bonne lecture et ÉCRITURE. Vous avez une semaine, cette publication s’autodétruira au 31 de ce mois-ci.
Lire la suite: Écrivez comme vous êtes #1— Finis-ton-assiette-Romain-s’il-te-plaît-Aurélien-décroche-de-ton-téléphone-veux-tu-on-n’a-pas-fini-le dîner-Bastien-les-coudes-sur-la-table-combien-de-fois-devrais-je-le-répéter ?
La grosse horloge sans âge de la cuisine indique bientôt 21 h. Autour d’une table qui semble bien petite pour les trois ogres qui s’y sont attelés, Clothilde s’affaire à rassembler ses esprits et les assiettes sales devant ses garçons, sauf le petit dernier.
— Mmph, grommelle Aurélien, qui continue à regarder défiler des légumes sur son écran, avec l’engouement d’un jeune de 17 ans.
— Ouaich, marmonne Bastien, en s’exécutant avec la nonchalance d’un adolescent de 15 ans.
— C’est dégueu le canard, réplique Romain en repoussant d’un air dédaigneux le plat devant lui, avec la vigueur d’un gamin de 13 ans.
— Langage STP, Romain, et puis ce n’est pas du canard, mais de la dinde, passe un peu la seconde, ton père ne va pas tarder à rentrer, et il a une surprise à nous annoncer, reprend Clothilde en posant une pile de fromages au centre de la table.
— C’est relou aussi, Kevin lui, sa mère, elle lui fait tout le temps des plats trop stylés, et nous, on se farcit toujours de la vieille dinde !
— Eh bien quand tu vivras chez Kevin et sa mère, tu pourras manger ce que bon te semble, mais tant que tu vis sous mon toit et que je lave à 30° tes slips sales, tu finis ton plat et tu ne discutes pas.
— Vas-y, ‘man, tu me payes trop l’affiche, c’est abusé !
— Ouais, j’avoue, c’est abusé, lance Aurélien devant trois bananes qui viennent de s’aligner.
— Tu ne vas pas t’y mettre toi non plus, et ARRÊTE AVEC CE JEU STUPIDE !
— Il est pas si stupide que ça, mon jeu, faut même être plutôt intelligent pour avancer loin, rétorque Aurélien, sans lever les yeux de son smartphone – il est sur une belle lancée.
— Ouais, enfin, c’est pas avec ton jeu débile qu’on va sauver la planète ! s’esclaffe Bastien, en enfournant un morceau de Cadrice des Pieux dans la bouche.
— Qu’est-ce que tu la ramènes toi ? aboie Aurélien en lâchant son application du regard.
— Tu sais combien il faut d’énergie pour produire ton smartphone ? Et je te parle même pas des datas centers ! poursuit Bastien en se servant d’une nouvelle bouchée au fromage, toujours sans pain.
— D’où tu causes toi déjà ? T’as un fair phone dans la poche ou bien ?
— Ben, c’est ‘man qui m’a filé le sien, donc tu vois, moi j’ai recyclé !
— Le gars, il s’est tapé un documentaire écologique au lieu de sa branlette du samedi soir et il se prend pour Nicolas Hulot !
—LANGAGE AURÉLIEN !
— Pardon ‘man, masturbation.
— Aurélien ! On ne parle pas de ça à table !
— Et si je sors de table, on peut en parler ?
— Je te préviens, je n’apprécie guère cette impertinence…
— C’est Bastien qui me cherche avec son écologie à deux balles aussi !
— C’est l’avenir, mon gars, si tu veux pas crever comme un vieux rat, va falloir penser un peu plus à la planète ! assène le cadet, bien décidé à ne pas lâcher la bride à son aîné.
— À la planète ! L’écologiste de mes deux qui vient de s’empiffrer de viande ! Deviens vegan, et tu pourras ouvrir ton bec ! Tu sais comment il est fait ton poulet ??? Tu sais combien d’eau il faut pour élever de la volaille ? Pour que tu puisses te goinfrer de blancs de poulet ?
— Dernière fois, Aurélien, langage ! Tu es le modélisateur, c’est toi le grand frère, tu te dois de montrer l’exemple, et c’est de la dinde. De la dinde bio en plus, qui a sans doute eu une très belle vie, en plein air, avec ses copines de basse-cour, tempère Clothilde, qui jette un regard inquiet à la vieille horloge de la cuisine.
— De la dinde bio, ‘man ! Ça veut rien dire ! Tu crois qu’elle chie vert ta dinde ? Tu sais ce que c’est ça ? C’est du putain de greenwashing de marketing pour te la mettre bien à l’envers ! éructe Aurélien, qui vient de laisser passer un bon score sur son jeu.
— Au moins avec le bio, t’évites de mettre de la merde dans ton organisme, genre les purées de pesticides et tout et tout.
— Ouais, enfin ta merde bio sans pesticides, elle vient d’où hein ? Merci les cargos de ouf pour que t’aies bonne conscience ! tacle Aurélien ense servant une énorme tranche de Comté.
— Genre t’as pas de Bio made in France ? Tu crois que tout arrive d’Indochine ? balance Bastien, en prenant aussi du Comté.
— Ah ah ! Indochine ! C’te culture ! Ça existe même plus ! gueule Aurélien en brandissant son couteau.
— On s’en branle, tu sais même pas où est ta bite, et tu veux nous faire un cours de géo ! hurle Bastien en faisant voler un bout de comté à travers la pièce.
— ET LE PLASTIQUE SUR TES PUTAINS DE LÉGUMES À LA CON, IL EN DIT QUOI NICOLAS HULOT HEIN ???
— ÇA SUFFIT LES ENFANTS ! QU’EST-CE QUE VOUS AVEZ TOUS LES DEUX À VOUS CRÊPER LE CHIGNON ET À PARLER DE VOTRE SEXE À LONGUEUR DE JOURNÉE ? JE SAIS BIEN QUE CE N’EST QUE L’EXPRESSION PHYSIOLOGIQUE DE VOS CORPS EN ÉBULLITION, MAIS CEST D’UN FATIGANT ! EST-CE QUE C’EST TROP DEMANDER QUE D’AVOIR UN REPAS TRANQUILLE TOUS ENSEMBLE EN HARMONIE, EN BIENVEILLANCE, EN SYMBIOSE AVEC NOTRE BELLE FAMILLE SANS GREEN MACHIN CHOSE, SANS PESTICIDES ??!! C’EST PAS CROYABLE À LA FIN ! LES ENFANTS SONT D’UN TOTALITARISME DE NOS JOURS FRANCHEMENT ! Il n’y a que notre Romain qui apprécie la plénitude de ce moment, et qui ne dit rien depuis le début. Hein, mon chéri, dis-leur quelque chose à tes deux grands frères, qu’ils nous laissent un peu en paix avec leur conscience écologique !
21 h 13. La porte d’entrée vole soudain.
— Je crois que je suis gay, lâche Romain.
— Champagne !!! s’écrie joyeusement le père qui débarque, une bouteille à la main, pour arroser sa promotion au sein des Petites Reines, un site de vente de couronnes dentaires en ligne.
— J’ai manqué quelque chose ? demande-t-il devant la tablée silencieuse, où trônent des morceaux de fromage, des verres vidés et une assiette à peine entamée de dinde panée.
Déjà quelques contributions, merci à eux, pour les retrouver, c’est ici : I comme Indochine chez Passion Culture L’arme de l’impatience en main chez IOTOP Le héraut d’Indochinistan, chez Tiniak |
Alors, vous en avez pensé quoi ? Cela vous a donné envie d’écrire aussi ? Commentez et… postez !
Photo by Sabrina P.
Bonjour Sabrina,
Quelle chute qui a elle seule scotche toute la famille! Je suis admirative des échanges entre les deux ados ( en as tu dans l’entourage?) où tu maîtrises le langage ad hoc. En tout cas une belle tranche de vie d’un quotidien devenu banal autour de sujets cruciaux.
J’aimeAimé par 1 personne
Bonjour bonjour ! Merci pour ton passage et ton message chaleureux 🙂 ! Pour les adolescents, j’ai travaillé pas mal avec eux (même à l’étranger) et j’en ai apprivoisé certains il faut croire, du moins un peu de leur langage ! Je me suis amusée à l’écrire cet échange, et j’ai dû malheureusement écourter pour le blog ! Alors, tu te lances aussi ? J’attends toute participation ! Belle journée à toi, Sabrina.
J’aimeJ’aime
Bon jour Sabrina,
Un excellent texte aux dialogues percutants. Une tranche d’un tableau familial de nos jours avec tous les ingrédients comme un cocktail Molotov 🙂 La chute est vertigineuse …
Et donc, pour ma part, voici ma modeste participation :
https://ledessousdesmots.wordpress.com/2020/08/18/larme-de-limpatience-en-main/
Max-Louis
J’aimeAimé par 1 personne
Bonjour Max-Louis ! Merci pour ce joli message qui fait chaud au coeur, mais surtout pour ta participation !!! Je m’en vais le lire sur ton blog avec grande joie ! Tu es le premier, et j’espère bien, pas le dernier ! Belle journée à toi, à ce tantôt sur Iotop 🙂 !!
J’aimeAimé par 1 personne
Bonjour Sabrina,
J’adore les « nouvelles à chute », alors avec ton texte, j’ai été gâté, bravo ! Quant à moi, cette fois, c’est plutôt une tranche de vie : http://passionculture.be/2020/08/20/i-comme-indochine/
J’aimeAimé par 1 personne
Super ! Merci beaucoup pour le retour et la participation, j’en suis ravie ! Je m’en vais de ce pas lire cette tranche de vie !! Belle soirée, Sabrina.
J’aimeJ’aime
Je rejoins donc l’atelier par le début, avec une de mes « proses à hics », tout spécialement commise sur mon blog initial « poLétiquement vôtre », incidemment rebaptisé -ⓁⓄⓋⒺ ! ⓁⓄⓋⒺ ! ⓁⓄⓋⒺ !- tant que durera la guerre aux portes de l’Europe !!
http://niak65poletique.canalblog.com/archives/2023/04/05/39869189.html
J’aimeJ’aime
Je l’ai lue, enfin, 2 semaines, rien que ça, pour que je revienne par ici ! Où va donc ce temps ? Merci pour ta participation.
J’aimeAimé par 1 personne
Et, fort heureusement, je constate que le message de Mr. Phelps ne s’est pas autodétruit, cette fois 😜😎🤫
J’aimeJ’aime
Non, tout est bien là ! Maintenant que j’ai retrouvé la voie du clavier, le number 3 est sorti, si jamais… ah ah !
J’aimeJ’aime
🤣
J’aimeJ’aime
Vu ! Et prends, bien sûr 😉
J’aimeJ’aime
Et te voilà dans ma ‘blogroll’🙃
J’aimeAimé par 1 personne
C’est fort sympa ça :)!
J’aimeJ’aime
Hé ! Hé ! Suis des vôtres sur le tome #3 B)
A très bientôt plus vite que ça, Sabri… Na !
J’aimeJ’aime