Bonjour à tous, aujourd’hui, c’est vendredi et pas dimanche (même si en ce moment, c’est plus délicat de suivre les jours de la semaine). Pourquoi ce changement dans mon programme du Sunday que je suis scrupuleusement à peu près depuis un mois ? Eh bien, tout simplement parce que je participe pour la première fois à l’atelier d’écriture proposé sur le site d’Olivia Billington. Le principe est simple. Chacun peut ajouter un mot en commentaire, et pis y a plus qu’à faire une tambouille de toute cette récolte de mots pour créer une petite histoire. Voici la mienne avec la liste suivante pour Des mots, une histoire, 44 : délétère / Terre / extrait / prologue / grotte / atmosphère / prophéite / guérisseuse / marri. Me demandez pas d’où m’est venue cette idée saumonée… Bonne lecture !
PS : mon récit Clair de Lune a été accepté sur Short Edition pour le grand prix du court, récit inédit, hésitez pas à aller le lire… et voter, qui sait ?
Prologue : ce conte que vous allez découvrir se passe dans une contrée contrariée, que l’on appelle la Délé-Terre.
Sur cette planète où les moutons étaient bien gardés, en restant chacun chez soi, le royaume des Humains et des Animaux était bien séparé. En Askala, une région peu peuplée, les hommes avaient appris à cohabiter avec les ours, en restant loin de ces derniers à toute heure de la journée. Un jour, hélas, les êtres humains connurent eux aussi le goût du saumon. Ils se rendirent compte que, qu’il soit grillé, fumé, vaporisé, citronné, posé sur un toast ou un lit persillé, ce poisson régalait les papilles, surtout en papillote. Alors, ils commencèrent à en pêcher. Au début, c’était seulement pour les grandes occasions : si on mariait un enfant, si on accouchait d’un, ou si on s’en débarrassait d’un (qui partait en ville), on sortait le saumon. Puis il vint agrémenter les fêtes de fin d’année. Et celles d’avant. Et celles d’après. En effet, le saumon s’appréciait fort bien le dimanche midi, tant et si bien qu’il finit en petits dés aromatisés à chaque apéritif villageois, où à la tablée, c’était toujours le préféré. La vie allait bon train pour les Humains. Pour les saumons un peu moins. Ils continuaient à sauter, certes, mais dans des poêles bien huilées. C’était ce qu’on appelait alors la période de l’or rose. Cependant, plus le temps passait, plus les zones de pêche du côté des Humains rapetissaient. Les sourciers, une communauté de guérisseurs qui vivaient en harmonie avec les grizzlis, voyaient d’un mauvais oeil cette frénésie saumonée. C’est qu’ils craignaient fort, à force de rendre coquettes les croquettes, en les fourrant de saumon, de se l’attirer, ce mauvais oeil ! Un jour, Manon, une jeune fille de la communauté des sources eut une vision terrible. L’homme courait à sa perte en courant après le saumon.
“Le chaos est en marche ! Tout est clair comme de l’eau de roche ! Cessez d’assécher la source des saumons ou sa colère surgira de ses entrailles !”
On lui jeta la pierre, les Humains se moquèrent ! Comment croire une jeune fille aussi perchée qu’un rocher, dont la seule occupation était de contempler les ruisseaux et de parler aux animaux ?
En Askala, on continua donc à pêcher joyeusement, jusqu’au jour où il n’y eut plus un seul saumon dans la rivière. Lorsque la dernière arête de poisson fut engloutie, les Humains, de panique, furent pris. Les ours, ces êtres mal léchés, avaient dû tout leur piquer ! Les villageois attaquèrent la zone jusque-là protégée des ursidés. Ceux-ci, face aux armes ciselées et aux fusils chargés, n’eurent guère de chance dans la bataille. Les villageois s’installèrent bientôt dans leurs pénates, transformant en crapa-huttes les anciennes grottes. Les Humains vécurent de nouvelles heures heureuses, dormant paisiblement, bercés par le chant de la rivière. Seule parfois perçait la voix de Manon qui prophérait à la lune sa prophétie, hurlant dans la nuit noire son désespoir.
Bientôt, comme elle l’avait prédit, il n’y eut à nouveau, plus de saumon. Une nouvelle espèce de poisson prit alors d’assaut les flots, gangrénant les eaux, pourrissant les ruisseaux.
Un matin, un jeune villageois, un peu marri de devoir se marier sans saumon dans l’assiette, eut l’idée de pêcher un de ces nouveaux poissons. Certes leur aspect hideux et repoussant ne donnait guère envie d’y croquer dedans. Mais un humain étant un humain, un poisson était un poisson. Il planta les dents dans la chair. La texture s’apparentait à du mastic, comme si on mâchonnait dans du vieux plastique. Ce n’était pas détestable, et avec un peu d’imagination, on pouvait retrouver la sensation du saumon. Il en servit des plateaux entiers le jour des noces. Les villageois se ruèrent dessus, la liqueur des pins aidant à faire descendre le faux saumon dans les gosiers.
Trois jours plus tard, Manon des sources, fut appelée : un ancien se plaignait d’effroyables maux de ventre. La jeune guérisseuse concocta une potion à base d’extraits fermentés d’orties et d’écorces de bois, qui apaisa le vieillard quelques heures, avant qu’il ne meure. Les villageois menacèrent la jeune sourcière, qu’ils traitèrent de sorcière. Elle fut chassée de la région. Le lendemain, la moitié des villageois se contorsionna sous des douleurs atroces. La panique pénétra jusque dans les grottes. L’atmosphère devint vite irrespirable. Cette Manon des sources leur avait jeté un sortilège, avec sa maléfique malédiction ! Les hommes restant des hommes, ils s’éteignirent tous peu à peu, maudissant les cieux qui s’abattaient sur eux. Jamais ils ne songèrent que c’était le poisson des fiançailles qui leur rongeait les entrailles.
Si à ce conte, on devait donner un épilogue un peu douteux, je dirais que d’une certaine manière, le saumon avait eu raison d’eux.
Cette nouvelle a été remaniée et éditée dans mon recueil BREAKING NEWS. Pour la redécouvrir sur papier, il n’y a plus qu’à commander !
Alors, tu en as pensé quoi de mon histoire de saumon ? Pour suivre toutes les actus du blog, c’est ici !
Bon jour Sabrina,
C’est pas un conte qui rigole … 🙂 Plus d’hommes ? Diantre ! Et la Manon est un peu à la Pagnol qui fait mourir Ugolin … d’amour.
Max-Louis
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Bonjour Max-Louis ! Oui, c’est vrai, j’ai forcé un peu le trait, dans la vraie vie je me considère bien plus optimiste 🙂 Et oui, ma Manon a été influencée par l’oeuvre de Pagnol, que j’ai lu et vu des dizaines de fois… Belle journée à toi, Sabrina.
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Ah ces gens du grand Nord,
à laisser parler une certaine jeune fille au delà des sources et des montagnes 😉
et à manger des poissons qui ont peut-être fricoté pas loin du pangolin,
voilà c’qu’arrive… aux entêtés !
Bravo pour la sélection de ton texte ❤
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Eheh, merci beaucoup pour ce joli commentaire ! Quand j’ai vu le mot OURS dans le lot, le SAUMON m’est apparu devant les yeux, j’ai laissé faire le reste, pour rire ou réfléchir un peu, on a le temps 🙂 ! Belle journée à toi, je m’en vais de ce pas découvrir toutes les récoltes ! Sabrina.
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La bêtise des villageois se répète à l’infini. J’ai connu sur la planète de l’ éther, des soignants se faire accuser des pires maux…
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Oui, hélas, Glomérule, j’espère avoir exagéré le trait… pour garder une once d’optimisme. Merci de ton commentaire 🙂 ! Belle journée à toi, inspirée. Sabrina.
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Non pas d’exgération, à mes yeux. Hélas ! Mais restons optimistes, comme tu le dis.
Bon dimanche pascal 😉
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L’éther (l’ Éther diéthylique était utilisé autrefois pour les anesthésies), planète Délé-Terre, de l’ éther… les soignants… Encore un de mes mauvais jeux de mots !
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Mais des jeux de mots dont je suis toujours friande 🙂 !
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J’aimais bien Raymond Devos 😉
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Merci pour ce moment de lecture Sabrina ! L’insouciance de l’être humain face à la nature est immuable haha ! Mais tu le contes d’une manière originale à travers cette surconsommation de saumons ! Je suis impressionné tu as même calé le mot « marri ».
Passe un bon week-end et à bientôt !
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Ah ah merci Rodolphe de ton passage ! Lui, effectivement, j’ai voulu raconter une histoire qui n’est pas forcément gaie, mais avec toujours une touche plus légère. À quand ta participation, je suis sûre que tu arriverais à caler n’importe quel mot dans ton univers ! Belle journée à toi, au plaisir de te suivre sur ton blog. Sabrina
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un conte qui donne à réfléchir… un conte joliment bien écrit et un régal à lire.;. maintenant la fin de monde ? peut-être un jour si on continue à manger des ersatz de suamon… avec le sourire
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Merci beaucoup pour ta venue sur ces lignes, et j’ose espérer n’avoir que caricaturé l’état du monde 🙂 Belle soirée, Sabrina.
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J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ton conte, pas très optimiste sur la nature humaine… Il est toujours plus facile d’accuser les autres que de se remettre en question… malheureusement pour nous les humains
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Merci beaucoup Guillemette ! Pour ce joli message et constat, et j’espère en effet que nous apprendrons de nos erreurs, nous sommes capables de faire de si belles choses 🙂 Belle journée, Sabrina.
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Conte bien grinçant.
Jolie première participation.😊
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Eh eh, merci… Promis, le prochain sera plus optimiste 🙂 ! Enfin, tout dépendra de la récolte et du temps devant moi 🙂
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Salut Sabrina, joli conte même s’il est sombre à souhait! Comme d’habitude, joli mélange d’humour, de légèreté et de sérieux. J’achète! et je vais lire de ce pas ta nouvelle sur Short edition.
Sandrine
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Oh bien merci Sandrine ! Je suis toujours ravie de te voir ici, et d’aller fureter chez toi ! Merci pour short-edition, tu pourrais y songer aussi, pour donner de la visibilité à tes récits ! Belle journée à toi, Sabrina.
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Bonjour Sabrina
Quelle histoire sympathique que j’ai eu plaisir à lire du début à la fin !
Sympa ce challenge !
A bientôt
Dorothée
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Hehe, merci beaucoup de ton passage ici et de ton retour 🙂 ! Oui, le challenge est très sympathique, et les autres auteurs bienveillants et inspirés ! Je te le conseille si tu as du temps d’écriture 🙂 Au plaisir de découvrir tes nouveaux textes ! Belle journée, Sabrina.
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Hello Sabrina, j’ai pris plaisir avec ce conte philosophiques ( les textes que j’adore), qui toute en subtilité mais néanmoins avec beaucoup de lucidité évoque un sujet qui sera de plus en plus d’actualité. Bravo.
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Merci beaucoup pour cet avis fort gentil, ça m’arrive effectivement de m’essayer à la philosophie ahah, le présent est inspirant… Belle soirée à toi !
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Quel style vivant ! De quoi faire danser les ombres , comme dans ton « clair de lune », j’aime beaucoup
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Oh bien merci 😉 pour le commentaire et les deux lectures, au plaisir, ici ou ailleurs 🙂 !
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