Bonjour à tous, c’est déjà dimanche, l’heure (d’été) du blog et mon défi dimanche ! En ces temps étranges de confinement où nous retrouvons le goût de l’emmerdement la lenteur et des confitures Bonne Maman maison, je propose une nouvelle rubrique, pour s’évader un peu, comme par magie, sans bouger de son canapé, sans booker de billet. Parce que j’avais d’abord hésité entre créer un atelier nettoyage de poignée de porte ou faire un tuto origami avec des mouchoirs usagés. Heureusement, pour toi lecteur, il se trouve que j’ai sur mon disque dur des années de voyages en sac à dos qui n’attendent que de ressortir au grand jour ! Eh oui, avant de me prendre pour une adulte responsable, avec agenda et distributeur de croquettes pour chat, j’ai passé de nombreuses heures sur les routes, à l’aventure droite toute ! Alors, aujourd’hui, nous replongeons au Mexique à Puerto Vallarta, plus exactement, où nous avons passé nos derniers jours après plusieurs semaines suspendues dans le temps à Higuera Blanca. La vie y était douce, calme, loin de l’agitation et de la frénésie modernes. Nous ne faisions pas grand-chose, un peu comme en ce moment en somme, la chaleur et la brise des vagues en moins. Je t’emmène donc pour ce premier extrait de carnet découvrir un artisanat typique de la région de la « Sierra Madre Occidentale », dans les états de Nayarit et Jalisco, tradition flamboyante de la communauté Huichol. Désolée, pas de tequila au programme, non tout ne tourne pas à l’alcool. Nous, on a remplacé ça par les 101 façons d’utiliser une peau d’avocat.
On ne s’y attend pas forcément. Quand on franchit le seuil d’une galerie d’art de ce genre, on pénètre dans une autre dimension. Ça clinque dans tous les sens, toutes les couleurs explosent au visage : des aigles vous assaillent, des crânes vous narguent, des squelettes vous jouent une sérénade, les plumes se hissent sur la tête, des loups vous guettent, des coqs se pavanent, une salamandre s’acoquine avec une grenouille, des ossements vous invitent à la danse, un chien vous montre les crocs, un autre fait le gros dos, un caméléon se cache parmi un troupeau d’escargots, les éléphants vous toisent, les ours se croisent.
Mélange de figures géométriques, de formes symétriques, de couleurs psychédéliques. Chaque pièce est unique. La trinité maïs, cerf et fleur de peyote se devine sur de nombreux corps. La mort et la vie se confondent, la réalité et le rêve en un seul se fondent. Les Huichol nous ouvrent ainsi la porte de leur univers peuplé de légendes et de leur imagination décuplée par la fleur de peyote, un puissant psychotrope qui leur permet d’accéder à un état de conscience supérieur… et de créer ces oeuvres d’art extraordinaires à l’aide… de perles ! Oui oui, dans cette communauté reculée et isolée, on est bien là pour enfiler des perles !
Chaque oeuvre est une ode à la lenteur, criante de couleurs. En un instant, on est plongés au coeur d’une spiritualité puissante fondée sur une vision protectrice de la nature, transmise de génération en génération par les chamanes, êtres de lumière et de mystère. C’est à la croisée de la conscience et de la folie. Exubérance et minutie. Ces statues représentent la porte vers un monde où la nature, les hommes, (les dieux) et les animaux ne font plus qu’un.
Ces pièces ne seraient-elles pas le symbole du passage de ce maudit temps, lorsque le passé confronte le présent ? Un passé qu’il nous faut continuer de préserver. Un présent spectateur, qui se doit d’être protecteur. Que veulent-elles nous dire, au fond, ces figurines ? Qui finiront peut-être sur une étagère, prenant la poussière, perdant des perles au fil des ans ? Qui orneront un meuble un peu fadasse, qui attireront l’oeil d’un visiteur un peu plus curieux ? Oh, ça, ça vient du Mexique. C’est vrai et faux. Ça vient même de plus loin. De plus profond. Ça vient des entrailles ancestrales, d’un temps immémorial, d’une vision réveillée et agitée où ces pans de mythes rythment la pensée.
Alors, bien sûr, je ne suis pas en train de vous dire d’aller presser votre dealer habituel pour vous procurer de la Peyote, hein, chacun se confine comme il veut d’abord, mais je rappelle que la drogueuh n’est point un motif autorisé dans l’attestation sur l’honneur signée par soi-même (non non non) ! Bref, en cette période bizarroïde, ça fait pas de mal de voir ce que l’homme peut faire de plus beau ? Et pourquoi pas, de se laisser aller à rêvasser à un monde plus doux, plus respectueux de la planète ? Promis, j’ai rien pris ! Même pas de l’origan ni de la ciboulette. Que voulez-vous, ce retour au Mexique m’a rendue mélancolique. Dans quelques instants, je vais me mettre à griffonner une chanson biodégradable pour ukulele. Ou partir à la recherche de perles.
Et toi, tu connaissais cet art Huichol ? En as-tu un sur ta commode ? Ou ça jure avec la moquette ? Peut-être que ça te donne des idées pour occuper les enfants (centaines d’heures d’occupation 100 % garanti) !
À dimanche prochain. Belle soirée à toi, Sabrina.
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Bonjour Sabrina
Je viens de lire le voyage psychédélique au Mexique et Crocodile Dundee. Quel talent de conteuse dans le premier et quel verve de scénariste pour le second !
On sent bien que tu maitrises la description et les souvenirs de tes anciens « voyages » ainsi que le fonctionnement des réseaux sociaux.
Au plaisir de te lire et à bientôt
William
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Merci William pour ton passage et ton message ! Tu as lu deux textes vraiment différents, l’un parce que c’est le premier de la sorte que je sors sur le blog, et le deuxième, car j’avais envie d’explorer une forme de narration qui ne suit pas mes schémas habituels… Il y a toujours de quoi travailler, bien entendu, même si en ce moment, bizarrement, j’ai moins de temps pour m’atteler à un travail aussi consciencieux qu’à l’ESL 🙂 Au plaisir de découvrir tes chapitres, et peut-être se verra-t-on au prochain comité de lecture 😉
Belle journée à toi,
Sabrina
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