L’année prochaine Filou

Me voici en vacances ! Mais comme cela ne rime pas (toujours) avec paresse, je vous livre depuis un clavier QWERTY un texte sorti tout droit d’une après-midi sous le soleil de la Bretagne (si si, c’est possible) juste avant mon départ ! C’est le premier d’une longue série, précisément 12, car c’est un challenge qui propose de suivre une règle toute simple : 1 mois, 1 signe du zodiaque, 4 thèmes imposés, une nouvelle de 3000 signes ! Je commence légèrement en retard donc, avec ma nouvelle de janvier, pondue en juillet car une vie sans challenge serait ennuyeuse, n’est-ce pas ?

En janvier, les thèmes étaient : la soirée du nouvel an / il neigeait / une bonne résolution / la fin du monde… Saurez-vous trouver mes thématiques sélectionnées ? Pour tous les challengistes, vous pouvez rejoindre le mouvement anytime, avant le 31 décembre 2019 aux douze coups de minuit ! Que la force du capricorne soit avec vous ! Bonne lecture, j’attends vos retours sur ce texte léger, pour commencer la moitie de l’année en douceur 😉 Plus d’infos, mais pas d’horoscope, par ici ! Sabrina.

Les paillettes, les escarpins, les barrettes, les sequins. Elle avait tout bazardé cette année. Cette injonction à se brosser les cheveux et les sourcils, se raser les jambes et l’entrejambe, se faire belle pour pas finir à la poubelle. Elle venait de finir de Beauvoir, elle n’allait pas se faire avoir. Elle s’en foutrait du nouvel an, elle l’emmerderait même. Elle n’irait pas. Elle enverrait un message à la dernière minute, et passerait une magnifique soirée avec Filou, son chat, et Hugh Grant. Elle se ferait le marathon de tous ses films. 
Après le fiasco de sa dernière longue relation, où elle avait tout fait pour son dulciné, jusqu’à repriser ses caleçons, pour finir larguée comme une vieille chaussette, elle s’était décidée. Cette année, elle arrêterait de vivre à travers les yeux d’une autre personne, et de se plier à ce diktat de la beauté. Elle serait fière d’elle, et de ses petits bourrelets. Parce qu’elle était désormais une femme libre et qu’à l’époque victorienne, elle aurait eu du succès avec son corps plus potelé que fuselé. 

Et puis, comme c’était ringard cette soirée. Sous prétexte que c’était le réveillon, fallait s’amuser et faire sauter les cotillons ! Et veiller jusqu’à minuit, pour s’assurer que tout le monde savait bien compter ! Toute cette ferveur pour se coltiner du Jean-Jacques Goldman, et se retrouver avec le pauvre mec bourré qui voit tellement plus bien qu’il a envie de vous sauter ! Elle connaissait bien. Ça s’appelait la trentaine, ça rimait avec bedaine, plus trop avec aubaine. 

C’était toujours la même rengaine. D’abord, cette inévitable question d’apparence anodine, en réalité mesquine. “Et ton Jules, il a pas pu venir ?” Les vipères attendaient la réponse pathétique, prêtes à dégainer les faux sourires contrits et les mines déconfites. 
NON PARCE QUE MON JULES S’EST BARRÉ AVEC SA COLLÈGUE QUI MANGE DU GRANOLA QUAND ELLE SE LÈVE AVANT DE SE FAIRE 3 PETITES SALUTATIONS DU SOLEIL POUR COMMENCER LA JOURNÉE APAISÉE DU CORPS ET DE L’ESPRIT AMEN ! OUI ! DU GRANOLA MAISON !

Puis l’imparable suspicion “Et les enfants ? Tu n’en veux pas ?”. 
SI, EINSTEIN, j’en veux. Mais jusqu’à preuve du contraire, il faut être deux pour la procréation, à moins d’être l’Immaculée conception. Elle n’était ni l’une, ni l’autre. 

Et enfin, comme un bouchon remis dans une bouteille de vin délicat, on appuyait, un peu plus fort, mais en douceur. “Attention, l’horloge tourne”. 
Et toi, dans ta tête, ça tourne rond ou plutôt carré ? 
Par quel coquin de sort se retrouvait-elle à chacune de ces soirées, à devoir essuyer des questions dignes de l’Inquisition, et deviser sentencieusement sur ses ovaires ? Mais qu’on les lui lâche à la fin ! Qu’ils arrêtent avec toute cette pression sociale, qu’ils la boivent et qu’ils lui foutent la paix. Toute façon, elle se ferait nonne, et travaillerait dans un orphelinat. Elle avait assez donné pour la gente masculine, elle se consacrerait à une cause bien plus digne. Oui, ça en était fini du Prince Charmant, et de cette vaste fumisterie pire que le père Noël et la petite souris réunis. 

Son téléphone vibra. “Hey, changement de plan. Baptiste sera là, il a très envie de te voir, si tu vois ce que veux dire.”
Elle ne voyait que trop bien. Il lui restait 23 minutes pour toper un bus pour rejoindre ses amis. Elle pensa à Baptiste. Et oublia Beauvoir, Hugh Grant, la perfidie des serpents, l’horloge biologique. Elle enfila une robe noire et s’excusa auprès du matou, affalé sur le canapé, prêt à avaler la filmographie de l’acteur britannique. L’année prochaine, Filou, l’année prochaine.

Pour suivre les autres signes du zodiaque, et les nouvelles suivantes, c’est ici !!

Photo by Josh Rangel on Unsplash

6 réflexions sur “L’année prochaine Filou

    1. Bonjour Nadine ! Merci beaucoup pour ce joli message 🙂 La prochaine participation va bientôt sortir, je me force à une certaine discipline d’écriture ! Belle soirée à toi ! Sabrina

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