Apprentie en herbe #2, ou le début de la fin

Finir.

Finir son assiette, finir son plat, finir ce qu’on a commencé, finir de radoter, finir le mois, finir ses phrases, finir ses devoirs, finir ses conneries, finir son master, finir ses études, finir son travail, finir son film , finir sa série, finir sa journée.

Finir encore et toujours.

Je dois finir ma formation.

Mes nouvelles.

Un livre, celui que j’ai jamais écrit. Je me lasse, je rêvasse, je m’éparpillasse.

Je ne sais pourquoi, mais j’ai toujours 36 envies, 36 idées, 36 romans commencés. Enfin, 36, c’est un peu exagéré, disons qu’en divisant le chiffre par 6 moins 2, on est plus près de la réalité. Je sais, j’aurais pu faire Maths Spé. Oui, un roman, c’est pas juste un titre et trois phrases d’intro. Attention, nous disons « incipit » dans le milieu.

Ils sont tous là, ces brouillons, au fond de mon tiroir, à attendre que je les en extirpe, que je les torpille pour que j’en fasse quelque chose. Bien sûr, le tiroir, c’est une métaphore hein, on est à l’ère du presque 3.0, tous mes textes sont dans un coffre-fort en ligne et dans un dossier caché sur mon ordinateur (en gros, faut cliquer sur le sous-dossier du sous-sous dossier du dossier appelé Sousou). C’est pas non plus de la prestidigitation. Oui, j’aurais pu dire de l’illusionnisme, pour que tout le monde comprenne, mais faut utiliser du lexique varié, c’est Werber qui l’a dit. Toute façon, y’a même pas de tiroir dans mon bureau.

Alors, me voilà aujourd’hui avec un seul texte long d’achevé, que j’ai l’arrogance d’appeler une « pièce de théâtre », et que j’ai eu l’insousciance d’envoyer à mes proches. Sans relecture. Zip, bam, boum.

Le titre m’était apparu en rêve, comme par magie (pour rester dans les métaphores) et j’ai commencé à l’écrire sur la plage abandonnée, coquillages et… bois flotté. Et non pas crustacés, toujours surprendre le lecteur, c’est Werber qui l’a dit.

Je l’ai écrite sans sérieux ni rigueur, au fil de la plume et de l’eau. Mais quand j’ai enfin trouvé le point de chute, je n’avais qu’une envie, poser le point final, fermer les guillemets, écrire en grosses lettres et à l’ancienne : The end. FINIR quoi.

Alors j’ai gratté. J’ai dû bâcler. J’ai bâclé. J’étais contente de moi. Je m’étais amusée. Je n’y ai plus touché. Parce qu’il faut retravailler sans doute, qu’il faudra peaufiner, recouper, tailler, ciseler. Parce que c’est long. Et quoi qu’on en dise, c’est pas toujours bon.

Donc, je ponds de la nouvelle, je fais la maligne sur du court, je m’autorise des écarts aux consignes, je me permets même de m’ennuyer sur certaines. Je sais qu’il faut que j’apprenne à structurer mes idées au départ, que je me discipline, que sur du format de longue distance, je tiendrai pas la compèt’ ! A part pour mon maudit mémoire, où le quart des pages n’est que du protocole, j’ai jamais dépassé les 100 pages. C’est le fameux mur du marathonien. Enfin, il paraît, car depuis le basket, on peut pas dire que je les use beaucoup à la course, mes baskets.

Il faudrait que je reprenne tous mes carnets de voyage. Depuis le début. 10 ans de grattage. Des mois d’affinage. Comme du jambon. Pour ce que j’en sais, j’en mange plus.

Parce qu’il y a du boulot dans ce fouillis de lignes. On dira que j’étais jeune, mais l’âge n’excuse pas tout. Qu’est-ce que la jeunesse, d’ailleurs ? Un beau sujet de philo tiens, je pourrais toujours me recycler si je vends pas plus de 10 ebooks gratuits ! Les livres, on le sait bien, ce n’est pas écologique. Autant ne rien écrire du tout. Je pourrais toujours prétexter suivre mon éthique.

Ok. Je vois que l’humour n’est pas toujours… renouvelable.

Qu’est-ce qu’on attend réellement d’un récit de voyage ? Je suis pas douée pour la géo, j’ai toujours préféré les histoires.

Alors, elles s’impatientent, elles me titillent, elles tournicotent, elles m’asticotent, elles se tapissent dans un recoin de ma tête, prêtes à bondir comme un putain de pantin. Je vais bien finir par y arriver !

Mais pour finir, faut bien commencer. Et ça, c’est moi qui le dis.

PS : voici la deuxième édition de la série Apprentie en Herbe, comme vous voyez, ça pousse tranquillement. Pour tous les autres tâtonneurs d’écriture, je vous conseille vivement les vidéos de Bernard Werber sur la créativité et son atelier partagé sur Youtube, il donne, pour de vrai, de bons conseils 🙂 ! Belle journée à vous, Sabrina.

6 réflexions sur “Apprentie en herbe #2, ou le début de la fin

  1. Je te reconnais bien dans ce texte, avec ta fantaisie, ta sincérité, ton humour toujours présent dont je ne me lasse pas, bien au contraire, j’adore ! Et que dire de ton autodérision ?! Toujours dans la justesse, la légèreté, la simplicité. Un jour c’est sûr, j’en suis convaincue, tu l’écriras ce livre, beau, magnifique, car cet esprit d’écrivaine qui vit en toi et qui joue avec ta conscience, ton imagination fera de toi une personne reconnue dans le milieu de l’édition. Belle et longue route à toi !

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    1. Oh merci beaucoup beaucoup pour ce message chaleureux et encourageant ! Cela me fait chaud au coeur de savoir que tu suis avec assiduité le blog et qu’en plus… tu penses qu’un jour j’y arriverai ! Eheh, y’a plus qu’à ! Merci, ça me booste complètement ! Bises à toi tatie!!!!

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  2. Franchement je suis fan.. ça faisait vraiment trop longtemps que je n’étais pas venue me mettre à la page.. c’est le cas de le dire..
    Je m’en veut d’avoir loupé ça..
    Je tiens à m’excuser auprès de mon côté écolo, moi j’attends ta version papier en bois flotté, j’aime avoir cette sensation des pages qui se tournent..
    Promis je ne me laverai plus pendant 3 mois pour rééquilibrer ma balance énergétique.. ^^

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    1. Ahah ! génial ! T’inquiète, l’important, c’est que tu sois venue à un moment donné, on a tous beaucoup en tête, et je suis juste ravie que tu sois là, à lire, quand tu en as le temps. Et justement, je viens de lire un article sur une impression en papier écolo, et mon objectif, avant le roman… c’est la réécriture et la mise en page du recueil de nouvelles ! Merci pour ton engagement écolo, je n’aurai pas à te flageller avec du bambou ! 🙂

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