Sentant déjà les prémisses de la gueule de bois, Peterson se dirigeait vers la chambre de son hôtel. La nuit n’avait pas été mauvaise, mais il rentrait seul. Le dernier whisky, sans doute de trop, l’avait alourdi. Loin des vapeurs d’alcool et des nuages de fumée, le hall du Biltmore Hotel lui paraissait soudain froid et lugubre, malgré le raffinement de la pièce, des murs jusqu’aux stries des tapis.
Rompu, il n’aspirait plus qu’à se vautrer dans son lit, oubliant sa déconfiture dans les affres d’une nuit sans ardeur. L’attente lui semblait insurmontable. Il envisageait de prendre l’escalier jusqu’au huitième étage lorsque l’ascenseur s’arrêta enfin devant lui. Soupirant de soulagement, il s’y engouffra aussitôt.
Immobile, silencieuse, drapée de noir, une jeune femme fixait de ses yeux sans couleur les boutons qui indiquaient son étage. Elle allait manifestement au 6. Luttant contre la curiosité, il se concentrait sur les sensations d’élévation qui faisaient tressauter son estomac barbouillé. Mais il la voyait, délicate, la taille fine, enserrée dans une robe assortie à ses cheveux de jais qui entouraient son visage et ensorcelaient son âme. L’ascenseur ouvrit ses portes, laissant Peterson dans la détresse. Elle restait pétrifiée, une fleur transie. Il voulait parler, était figé, engourdi.
Au bout d’une éternité, la gracieuse ombre se déplaça, le frôlant au passage. Un froid glaça jusqu’aux entrailles de Peterson, tandis que la jeune femme lui jetait un oeil interrogateur, avant de fuir, le laissant tremblant et troublé. L’alcool était redescendu. Il sortit en trombe : le couloir, ronflant, hautain, était aussi vide qu’une bouteille un soir de grande fête.
Il passa une nuit mouvementée, la solitude de Los Angeles l’avait englouti avec peine, lui et ses fioles de whisky. Il se réveilla pas bien tard. Impossible d’écrire. Les pages blanches se gaussaient, le noir de son encre lui rappelait la chevelure de l’inconnue. La bouche pâteuse, la tête migraineuse, il s’enfonça dans la cité des Anges qui s’animait au rythme des klaxons des tacots, l’esprit embué, hanté par ce visage d’une monstrueuse beauté.
Il avait besoin d’air frais, et d’inspiration, il espérait les trouver à la bibliothèque centrale. Il pourrait y tranquilliser ses pensées. Après tout, auteur d’une certaine renommée, il en avait côtoyé, des jolies femmes aux lèvres rouges, il savait les faire rosir sous leurs joues poudrées. Celle-ci aussi serait oubliée, dans les bras d’une nouvelle promise, ou dans les lignes d’un autre roman. Alors qu’il se félicitait de sa fermeté, son sang ne fit qu’un tour.
Sur une des tables, face à lui, la photo d’une femme, envoûtante, souriait sous un titre racoleur “Le mystère du dahlia noir enfin résolu ?”
Chancelant, Peterson se jeta sur le journal, hypnotisé par le portrait qui le dévisageait.
C’était une édition spéciale, consacrée au cas sulfureux du Dahlia Noir. Le fait remontait à plus de 20 ans. Comment avait-il pu passer à côté ? Vivait-il sur la côte est à l’époque ? Il ne se souvenait plus. Du Chivas avait coulé entre-temps.
Cette nouvelle figure maintenant dans mon recueil BREAKING NEWS. Pour savoir si Peterson recouvre ses sens, il n’y a plus qu’à commander !
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J’aime beaucoup votre blog. Un plaisir de venir flâner sur vos pages. Une belle découverte et blog très intéressant. Je reviendrai m’y poser. N’hésitez pas à visiter mon univers. Au plaisir.
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Merci pour ce joli message. Je commence en effet à peaufiner la présentation du blog et des nouvelles à paraître. Je viendrai découvrir le vôtre avec plaisir ! Belle soirée ! Sabrina.
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